Aurora Callahan n'avait pas pour habitude d'avoir des journées particulièrement chargées. En effet, la jeune femme pouvait se vanter d'avoir une vie facile. Très facile. Grâce à la carte bancaire magique de papa Callahan, elle ne manquait jamais de rien. A moins que pour une raison improbable son entreprise ne fasse faillite, ils étaient à l'abri du besoin pour le restant de leurs jours. Tout ce que la jeune femme avait à faire pour mériter cette si belle vie, c'était d'être belle et de sourire, ce qui lui convenait totalement. Mais pour être tout à fait honnête, même aussi belle qu'elle, elle s'ennuyait parfois. Souvent, à vrai dire. Pour dire, être coincé dans un ascenseur avec un pompier sexy la semaine passée était ce qui était arrivé de plus excitant à la jeune femme depuis des semaines, voir des mois. Même si le pompier lui avait légèrement tapé sur les nerfs, son charme avait agi sur elle et … Bref. On s'éloigne du sujet. De toute façon, c'était un pompier en carton. Tout ça pour dire que la jeune femme s'ennuyait parfois. Bien trop souvent. Elle tournait en rond dans son appartement. Et comme elle n'était pas quelqu'un de très spontanée, aimant planifier tout à l'avance, elle n'avait pas non plus pour habitude d'envoyer un sms à une copine pour s'organiser un cinéma ou un restaurant à la dernière minute. Et si ça névrose continue à augmenter, la prochaine étape sera sûrement de planifier ses folles nuits d'amour sur un calendrier. Du coup, la jeune femme avait été terriblement ravie de voir que sa soirée était consacrée à son amie Cecelia. Elle avait pu tout planifier pour que leur soirée entre fille soit parfaite oh surprise. Elle avait disposé sur la table des sauces et des légumes en morceaux, une bouteille de vin et des verres et était passée chez le traiteur pour emporter un délicieux poulet à l'oriental et son riz aux légumes, qu'elle avait disposé dans un joli plat histoire de prétendre que c'était du fait maison alors que tout le monde savait qu'elle ne cuisinait pratiquement jamais. Ceci étant fait, elle s'était douchée, avait enfilé une robe légère et enfilé sa plus jolie paire de ballerine. Oui, pour sa copine, elle n'avait pas besoin d'être perchée sur des talons aiguilles, malgré sa petite taille. Impatiente, la jeune femme surveillait l'heure, ravie de passer la soirée avec Cecelia. Et finalement, lorsqu'elle entendit sonner à la porte de son chez elle, elle se précipita pour ouvrir la porte. « Cecelia, entre je t'en prie », souffla-t-elle avec bonne humeur en prenant la jeune femme chaleureusement dans ses bras. Leur histoire d'amitié était aussi belle qu'improbable. En effet, en dehors des vêtements les deux jeunes femmes n'avaient rien en commun. C'était même plutôt surprenant que Miss-je-suis-super-hautaine Callahan ait daigné s'adresser à une simple vendeuse pour autre chose que lui demander sa taille de vêtements. Mais Cecelia était particulière. Elle avait quelque chose qui plaisait à Aurora. Elle s'en fichait pas mal de savoir quel nom de famille elle portait. Dans le fond, cela lui faisait du bien de savoir qu'elle était sincère avec elle. Parce qu'elle avait parfaitement conscience que la plupart de ses amies ne lui aurait même pas jeté le moindre regard si elle n'avait pas porté le doux nom de Callahan. Mais elle doutait sincèrement que Cece ne porte le moindre intérêt à son argent. Et puis, elle était aussi douce que drôle, ce qui lui faisait du bien. Elles partageaient toutes les deux ce petit côté femme-enfant. Bref, on pouvait vraiment dire que la jeune héritière avait un véritable coup de cœur pour sa copine et qu'il n'y avait aucune arrière pensée à cela. « Comment tu vas ? Tu as passé une bonne journée ? », questionna-t-elle, tout en proposant de la débarrasser de son manteau. Qu'importe les circonstances, Aurora n'en oubliait pas pour autant ses bonnes manières.

Cela faisait un bon moment qu'Aurora Callahan n'avait pas fait une soirée entre filles. Elle était plus du genre à fréquenter les galas de charité que de faire de petites soirées chez elle. Mais cela était loin d'être désagréable. Elle était même ravie de voir Cecelia. Si son humeur et son moral n'étaient pas au beau fixe quelques minutes plus tôt, elle était maintenant très joyeuse et sans avoir consommé d'alcool ou de drogue. « Super ! J'ai été très occupée toute la journée », répondit-elle avec un grand sourire. Bon d'accord, elle n'avait pas été si débordée que cela. Ou du moins, elle était probablement la seule personne de l'univers tout entier à considérer que faire du shopping était une activité à part entière. Mais selon elle, elle aurait même dû être rémunérée pour faire du shopping. Après tout, ce n'était pas inhabituel pour elle de finir dans les tabloïds. Elle rapportait sans doute aux vendeurs plus en publicité que ce qu'elle dépensait pour acheter leurs créations, elle aurait sans aucun doute mérité qu'on la paye pour ça. Non ? Bon. La jeune femme préféra garder ses pensées pour elle. Après tout, Cece était vendeuse dans une boutique, ce n'était pas à elle qu'elle allait dire qu'elle aurait souhaité être payée pour faire du shopping chez elle. La situation aurait sans aucun doute été étrange. « La prochaine fois, note leurs noms, je pourrais faire de leurs vies un véritable enfer pour te venger », répondit la jeune femme tout sourire en plaisantant. Quoi que, allez savoir si elle plaisantait vraiment. Aurora en était parfaitement capable. Elle avait fait la misère à bien des personnes dans sa vie et parfois pour bien moins que pour venger une amie. Parce qu'elle s'ennuyait par exemple. Elle avait une fois refusé qu'une serveuse ne la serve, simplement parce que sa jupe et son chemisier n'étaient pas accordés. Mais une fois encore, elle préféra garder ce détail pour elle. Cece et elle n'étaient pas pareilles. Ses amies, tout aussi superficielles qu'elle auraient peut-être compris mais quelque chose lui disait que ce genre d'enfantillage ne serait pas au goût de son amie. « Je t'en prie installe toi », annonça finalement la jeune femme en désignant le salon sur la gauche. C'était la dernière pièce qu'elle avait redécoré. Le salon était composé de deux canapés couleur crème, disposés en angle droit, d'une table basse en bois massif et d'un tapis en fausse fourrure parce que bon, Aurora est riche mais ce n'est pas totalement un monstre non plus, ainsi que d'un parquet de vieux style parisien qui avait coûté une petite fortune. Aurora était plutôt ravie de son salon, même si elle savait que dans un an tout au plus elle en aurait marre de le voir et qu'elle le referait en intégralité. « Je te sers un verre de vin ? », proposa la jeune femme en entrant elle aussi dans le salon. Leur soirée ne faisait que commencer, mais déjà Aurora se sentait bien mieux que quand la journée avait commencé. Comme quoi, la présence d'amis à ses côtés lui était totalement bénéfique.

Fréquenter des personnes simples et terre à terre était plutôt bénéfique pour Aurora Callahan. La jeune femme avait en effet toujours eu la sale manie de fréquenter des gens riches et superficiels un peu comme elle en fait qui n'avait fait que la complaire dans son monde de perfection. Découvrir qu'elle pouvait apprécier des gens normaux, des gens qu'elle aurait en temps normal qualifié des gens du « petit peuple », lui faisait du bien. Cela lui faisait prendre conscience qu'elle n'était peut-être pas aussi superficielle que cela. Ou peut-être que cela ne faisait qu'accentuer sa névrose allez savoir. Et puis, ça lui faisait du bien de parler d'autre chose que d'elle-même, parce que dans le fond, elle n'avait pas souvent grand-chose à raconter de ce qu'elle avait fait de sa journée. Ce qui était certain, c'est que ce soir, la jeune femme trouverait un moyen de glisser dans la conversation ce qui lui était arrivé précédemment et l'intervention du pompier sexy. Mais pour l'instant, il était trop tôt pour accaparer l'attention de son invité, même pour elle, qui était pourtant mademoiselle narcissique en personne. Elle voulait que Cecelia se sente bien. Elle ne savait pas si c'était le cas, si la jeune femme appréciait de traîner dans son appartement. Chaque meuble dans ces lieux coûtait une petite fortune et elle ne savait pas toujours comment agir avec la jeune femme, aussi s'efforçait-elle d'être naturelle. Et elle l'était. Elle était d'ailleurs tout autant déçue que sa chère amie ne lui laisse pas le loisir de la venger. Cela l'aurait occupé … pendant au moins trois jours. Le temps de mettre en place un plan diabolique et de le mener à bien. Bon, tant pis. Elle se défoulerait sur quelqu'un. Peut-être sur Jay, le pompier sexy. Elle ne savait pas encore ce qu'elle pourrait lui faire, mais elle trouverait bien. Au moins, après, elle serait certaine qu'il ne l'oublierait pas. La jeune femme prit à son tour place dans le salon et en profita pour servir deux verres de vin, tendant l'un d'eux à Cecelia, avant de piocher une tomate cerise dans l'un des bol qu'elle avait disposé sur la table basse. « J'espère que ça ne te dérange pas que j'ai organisé cette soirée chez moi ce soir. Mon pauvre petit cœur n'est pas encore remis de notre dernière soirée », expliqua-t-elle avec un petit sourire amusé. La dernière fois que Cecelia et Aurora étaient sorties dans un bar, Aurora avait été draguée par un homme complètement ivre. Le monsieur, absolument vulgaire, avait fini par renverser sa bière sur ses escarpins à six cents dollars. Elle avait une folle envie de le tuer, d'ailleurs. Elles seraient sans doute plus confortables dans son gigantesque appartement. « Alors, quelles sont les nouvelles ? Raconte moi les derniers potins », souffla-t-elle en lui adressant un clin d’œil, avant de porter à son verre. S'il y avait bien une chose qu'Aurora Callahan aimait plus encore que le shopping, c'était bien les potins. La preuve en était la collection de tabloïds qu'elle gardait dans le tiroir de sa table basse.

Parfois, Aurora se demandait encore comment elle avait pu devenir amie avec Cecelia. Sur le papier, les deux jeunes femmes n'avaient absolument rien en commun. Elles ne se ressemblaient pas du tout. Elles étaient même diamétralement opposées. Mais la jeune femme aimait énormément passer du temps avec Cecelia. Justement parce qu'elle était différente. Leur amitié était réelle. Contrairement aux amitiés superficielles qu'elle entretenaient avec ses autres copines, simplement basées sur l'argent et le shopping. Des fois, Aurora se rendait compte que sa vie manquait cruellement de profondeur. Elle même était superficielle. Et elle en avait parfaitement conscience. Mais avec Cecelia, elle pouvait se comporter différemment et elle appréciait cette personne. Toutes les deux étaient pourtant différentes et cela donnait parfois lieu à des situations plutôt amusantes. Comme lorsque toutes les deux se rendaient dans un bar qu'elles ne connaissaient pas, qui parfois était trop guindé pour l'une ou trop décontracté pour l'autre. Parfois, cela finissait en grand n'importe quoi. Mais elles s'amusaient souvent beaucoup. S'installant face à son amie sur l'un des fauteuils du salon, avec son verre de vin, la jeune femme sourit à son amie. Une surprise ? Aurora aimait les surprises. Et les cadeaux, sans surprise. Elle attrapa donc la boîte de la jeune femme, avec un grand sourire. « Tu n'aurais pas dû, tu es adorable », souffla-t-elle avec un grand sourire. Elle entreprit cependant d'ouvrir la boîte, pour découvrir une robe à l'intérieur, aux bretelles fines et au décolleté travaillé. La robe était sublime. Aurora en était déjà fan. Et d'autant plus admirative qu'elle savait que c'était la jeune femme elle-même qui l'avait confectionnée. « Elle est magnifique, merci beaucoup », s'exclama-t-elle en se levant pour embrasser sa joue. Elle s'empara de la robe pour la mettre devant elle et tourna sur elle-même. Elle était vraiment magnifique. Cecelia avait beaucoup de talent. « Tu es vraiment douée. Ce que tu fais est vraiment magnifique. Tu devrais te lancer à ton compte », ajouta-t-elle avec un grand sourire. Elle était sincère. Et si Cecelia se lançait à son compte, Aurora serait sans doute sa première investisseuse – du moins son père le serait – et sa première cliente. Elle était ravie de pouvoir porter les créations de la jeune femme et ne manquerait pas de la porter pour une occasion spéciale, pour qu'elle soit vue par d'autres personnes qui pourraient aimer son travail. Cecelia le méritait très amplement.

Les deux jeunes femmes, bien que différentes, étaient toutes les deux très proches. Mais au final, ce n'était pas si difficile à concevoir. Parce que malgré leurs différences, elles avaient réussi à trouver des points communs. Et surtout, Cecelia avait réussi à découvrir le meilleur d'Aurora. Peu de gens pouvaient se venter de la connaître, d'une part mais encore d'avantage parce que Rory ne montrait jamais vraiment son véritable fond. Elle avait un côté drôle, un peu fofolle, qu'elle n'avait pas eu peur de montrer à Cecelia. Probablement parce que la jeune femme l'avait mise en confiance. Elle n'aurait jamais pu montrer cet aspect de sa personnalité dans le monde guindé dans lequel elle évoluait habituellement. Et Cecelia était toujours gentille et généreuse avec elle. Cela la poussait elle aussi à se montrer gentille avec son amie. Même si pour cette fois, elle était un peu gênée. Elle, elle n'avait pas prévu de cadeau pour son amie. Et pourtant elle en avait largement les moyens. Mais contrairement à Cecelia elle n'avait pas de talent particulier et ne risquait pas de lui fabriquer quoi que ce soit. Mais Aurora était très touchée par le geste de son amie, bien plus qu'elle ne le montrait. « Tu me fais très plaisir. Tu es un amour », souffla-t-elle finalement avec un grand sourire. Il fallait dire que ce n'était pas comme recevoir un collier de nouilles fabriqué par un enfant à l'école. La robe de Cecelia était réellement magnifique. Aurora n'avait pas à forcer la joie et le contentement. Elle était absolument sublime. Et elle saurait trouver une occasion pour la mettre en valeur. Dans une soirée plus importante qu'un simple rencard quoi. « Je l'adore. Je crois que je vais la porter pour la prochaine soirée à l'entreprise de mon père. Au moins ces miss BCBG pourront voir l'étendu de ton travail », répondit-elle en lui adressant un clin d’œil. A vrai dire, Rory ne savait pas ce que Cecelia avait comme ambition dans la vie, pour son futur. Mais si elle décidait de se lancer dans quelque chose d'important, l'héritière serait sans doute la première à lui venir en aide pour qu'elle puisse se lancer. Elle n'hésiterait pas à investir l'argent de papa dans son projet. « Je comprends, c'est toujours stressant de montrer son travail. Mais je suis certaine que ton travail pourrait plaire. Prends le temps d'y penser et si un jour tu veux te lancer, tu sais où me trouver », répondit-elle en souriant. C'était bien le moins qu'elle pouvait faire pour la jeune femme. Après tout, elle en avait les moyens. Avec application, la jeune femme replia la robe dans sa boîte, la posant à côté d'elle avant de reprendre son verre de vin. « Rien de particulier. Un bon repas. Et pourquoi pas un petit jeu ou un bon film », souffla-t-elle en haussant les épaules. En réalité la jeune femme avait bien une idée derrière la tête, mais elle se la gardait pour plus tard. « Alors, les amours ? », demanda-t-elle finalement, sans la moindre délicatesse. Oui, Aurora était curieuse. Et elle n'était pas du genre à tourner autour du pot.

La soirée s'annonçait belle. Comme chacune des soirées qu'elle avait passé avec Cecelia. Aurora était toujours à l'aise en présence de son amie. Lorsqu'elles sortaient toutes les deux, c'était toujours plutôt drôle. Quand Aurora choisissait des lieux de sortie, on aurait pu penser que Cecelia ne se sentirait pas à l'aise dans des endroits aussi guindés. Et lorsque c'était Cecelia qui choisissait, Aurora faisait souvent tâche avec ses vêtements de luxe, parmi les personnes plus modestes. Et pourtant, malgré leurs univers différents, elles s'amusaient toujours. Mais Aurora appréciait également ces soirées qu'elles passaient toutes les deux à discuter, chez l'une ou chez l'autre. Elles dînaient, parlaient, passaient un bon moment devant un film et c'était tout aussi plaisant qu'une sortie dans un club ou dans un bar. Et ce soir, s'annonçait comme une belle soirée. La jeune femme admirait toujours la robe cousue par son amie. Elle était plutôt admirative de son talent. Elle n'en avait aucun, elle. Mais il suffisait de regarder cette robe pour savoir que Cecelia en avait beaucoup. Ce n'était pas seulement la qualité de son travail, aux coutures parfaites. C'était l'imagination dont elle avait fait preuve pour dessiner ce modèle, choisir les tissus et les couleurs qui semblaient être faites pour aller au teint de la brune. Aurora était flattée. Et elle se promit d'écumer les boutiques pour trouver un cadeau pour remercier la jeune femme. « C'est toi qui est incroyable », souffla Aurora en rougissant, flattée. Elle était curieusement émue. Cela ne lui ressemblait pas. Les gens la connaissaient d'avantage comme une personne hautaine. Ceux qui la connaissaient un peu plus la voyaient comme une personne un peu fofolle. Rares étaient ceux qui arrivaient à réellement toucher son cœur. Et c'était le cas de Cecelia. Elle était si douce et si gentille que ses compliments lui allaient forcément au cœur. A vrai dire, Aurora avait plus l'habitude qu'on la qualifie de reine des garces sans cœur que d'amie incroyable. Mais passons. Elle n'allait pas non plus faire dans le sentimentalisme au point de verser une larme, n'est-ce pas ? « Tu pourras être vraiment fière de toi quand ta robe apparaîtra dans un magazine », souffla Rory avec un sourire. Et elle était sérieuse. Elle savait que Cecelia doutait de la réussite de son projet et elle était bien décidée à lui donner un petit coup de pouce. Et si d'habitude Aurora s'habillait en robe de grands couturiers pour les réceptions de son père, elle était bien décidée cette fois à porter la robe de son amie. Il fallait que Cecelia ait confiance en elle. La brune croyait en son amie en tout cas. « Si tu échoues, tu trouveras une autre possibilité pour rebondir, mais tu auras essayé. Et puis si tu ne te lances pas, tu ne risque ni de réussir ni d'échouer », répondit-elle avec un sourire. Et d'ailleurs, si Aurora pouvait l'aider, elle le ferait. Elle n'avait jamais travaillé de sa vie, mais peut-être serait-ce l'occasion de se lancer dans un projet. Du moins quand Cecelia serait prête. Elle ne voulait surtout pas lui mettre la pression ou la pousser à faire quelque chose qu'elle n'avait pas envie de faire. Mais dans l'immédiat, Aurora était surtout curieuse. Oui, elle posait des questions sans la moindre délicatesse. Mais en même temps quand on la connaissait cela n'avait rien de surprenant. Elle était déçue de savoir Cecelia seule. Pour elle, elle méritait tout le bonheur du monde. « Impensable ! Je devrais vraiment songer à te présenter deux ou trois bons partis », souffla-t-elle avec un petit sourire. Bon, ce n'était peut-être pas une si bonne idée. Cecelia méritait un garçon charmant et sérieux, certainement pas un sale gosse de riche dont la famille la jugerait parce qu'elle n'avait pas de fortune personnelle. Finalement cette idée était plutôt merdique. « Moi ? Je ne vois pas du tout de quoi tu parles », répondit-elle sur un faux ton d'innocence. A vrai dire, elle ne savait pas si elle devait parler avec elle du pompier qu'elle avait rencontré. Ce n'était rien qu'une rencontre n'est-ce pas ? Pourtant, Aurora devait bien avouer qu'il lui avait bien plu. Mais est-ce qu'elle se faisait des films ? Allez savoir, peut-être bien.

Aurora n'avait pas toujours été cette jeune femme superficielle qu'elle était aujourd'hui. Quand elle était enfant, sa mère lui apprenait à prendre conscience de la chance qu'elle avait d'être dans sa situation. Elle lui rappelait souvent que tout le monde n'avait pas cette chance. Mais quand sa mère était morte, la jeune femme en avait profité pour tout obtenir de son père. Il n'était jamais là, elle était élevée par des nourrices et des belles-mères de passage, alors elle n'avait qu'à cligner des yeux et à claquer des doigts pour que son père fasse ce qu'elle voulait. C'était une façon pour elle de combler le vide qui avait envahi son cœur. Mais cela n'avait jamais marché. Elle avait beau tout posséder, elle n'était pas plus heureuse pour autant. Mais tout le monde désormais la voyait comme cette petite peste superficielle. Et généralement, elle assumait cette image. Mais face à Cecelia, elle savait qu'elle n'avait pas besoin de faire semblant. Cecelia n'était pas une de ces fausses amies qu'elle fréquentait parce que c'était bon pour son image ou celle de son père. C'était une personne sincère, une personne vraie, qu'elle n'avait pas besoin de faire semblant d'aimer. Elle la chérissait vraiment. Leur relation était sincère. Elle n'était pas basée sur un mensonge. Aurora ne la fréquentait pas parce qu'elle le devait en raison de son statut social ou de son argent. Elle la fréquentait parce qu'elle l'appréciait. Et c'était sans doute pour cette raison que c'était avec elle qu'elle passait les meilleures soirées. « Je sais je suis formidable », rétorqua Aurora en levant les yeux au ciel. Bon, ça, elle le pensait un peu quand même. Mais elle n'était pas obligée de l'avouer à voix haute. « Mais heureusement tu n'auras jamais à savoir ce que c'est que de vivre sans moi », ajouta-t-elle en lui adressant un clin d’œil et un sourire amusé. Des fois, Aurora se disait que Cecelia était ce qui se rapprochait le plus de quelqu'un de vraiment proche. Un peu comme de la famille. Elle aimait son père de tout son cœur, mais comme depuis son enfance, il était souvent absent. Quant à son frère … Leur relation était plus proche d'une guerre sans merci que d'un amour fraternel. Donc, c'était certain que Rory n'aurait jamais voulu perdre Cecelia. Et si elle pouvait l'aider à réussir dans la vie, à réaliser son rêve, nul doute que la riche héritière ne se ferait pas prier pour lui venir en aide. « Tu as raison, prend tout le temps dont tu as besoin pour réfléchir. Moi je te propose ça comme si tu allais prendre une décision dans les dix minutes à venir », répondit-elle avec un sourire. En vérité, si ça avait été elle, elle aurait prit la décision en dix minutes. Mais en même temps, c'est ce qu'elle avait fait quand elle avait décidé de se mettre à la boxe, au surf, à la danse et bien d'autres activités encore. Et elle avait arrêté, environ trois semaines plus tard, à chaque fois. Conclusion, mieux valait ne pas suivre son exemple. Et encore moins quand il s'agissait d'hommes. « Oh, je pense que physiquement, ils pourraient te plaire. Mais ce sont de vrais requins. Ça a ses avantages cela dit », souffla-t-elle avec un sourire. Parce que pour la plupart, on leur avait apprit à flatter et à complimenter dans leurs facultés à dix milles dollars l'année. Et Aurora devait avouer, elle adorait cela. Faible qu'elle était, elle adorait les compliments. Que voulez-vous, malgré ses convictions et ça force de caractère, ça reste une femme sensible. Et pas très facile à charmer. La jeune femme se mit à rougir face à la question de son amie. « Bon d'accord, mais je ne sais pas si on peut vraiment dire qu'il y a quelqu'un. La semaine dernière, je me suis retrouvée coincée dans un ascenseur et le pompier qui est venu me chercher était … Je ne pourrais pas te l'expliquer. Il s'est passé quelque chose. Et pourtant, ce n'est pas vraiment mon genre. Il est plus du style … trop beau pour être vrai tu vois. En plus, la question ne se pose pas, vu son physique, il doit certainement avoir foule de femmes à ses pieds. Mais je dois avouer qu'il m'a plu », répondit-elle avec un sourire à mi-chemin entre le sourire amusé et le sourire triste. Non vous ne rêvez pas. La narcissique et très sûre d'elle Aurora doutait d'elle quand il s'agissait d'hommes. Qui l'eut cru ?

Aurora était une emmerdeuse finie et cela n'était un secret pour personne. Ce qui était plus secret en revanche, c'était que derrière cette carapace superficielle, se cachait une jeune homme bien plus gentille et généreuse qu'elle n'en avait l'air. Elle était capable d'être bien plus douce et bien plus sympathique qu'il n'y paraissait. Et surtout, c'était une bonne amie. Elle n'avait pas beaucoup d'amis sincères, c'était une certitude, mais les rares personnes qui comptaient réellement à ses yeux avaient le privilège d'avoir une amie prête à tout pour eux. Et c'était le cas de Cecelia. Elle ne la laisserait jamais tomber. Elle tenait bien trop à elle. Plus probablement qu'elle ne tenait à son propre frère. « Bien, nous voilà d'accord dans ce cas », souffla-t-elle en souriant, avant de vider son verre de vin. Elle était bien contente d'avoir Cecelia dans sa vie de toute façon. Sans elle, elle ne serait rien. Parce qu'elle n'avait pas vraiment de vrais amis sur qui compter. Elle n'avait que des compagnons de soirée, des gens riches qui ne la fréquentaient que parce qu'elle était riche. Si elle avait été pauvre, ils ne se seraient même pas arrêté pour lui demander l'heure. C'était des relation superficielles entre gosses de riches qu'elle entretenait. Alors qu'avec Cece, elle était sincère. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle voulait Cecelia à se lancer dans ce qu'elle désirait vraiment. « Tu as raison de réfléchir et d'être sûre. Mais j'imagine tellement la chose. Toi, tes beaux vêtements. Moi, je pourrais t'organiser des supers défilés et des supers fêtes pour montrer tes créations. Et bien évidemment, je serais ta première cliente », souffla-t-elle avec enthousiasme, en frappant ses mains l'une contre l'autre comme une vraie petite fille. Elle était tellement surexcitée que c'était à se demander si c'était le projet de Cece ou le sien. Un peu des deux, parce qu'elle voulait vraiment que son amie réussisse dans la vie, surtout qu'elle avait le talent pour. La jeune femme ne pu s'empêcher de sourire à la remarque de la jolie brune. « Évidemment. Les hommes se doivent d'être classes, cultivés, intelligents et avoir du charisme. La beauté est superficielle », souffla-t-elle avec un sourire amusé. Et ce n'était pas que des paroles en l'air. Elle n'aimait pas les hommes beaux comme des dieux. Elle préférait les hommes avec un peu de charme et beaucoup de prestance. Si un acteur aurait du représenter son idéal masculin, ça aurait été Hugh Dancy. Bref, c'était bien loin de l'image de Jay Thomson, le pompier trop beau pour être vrai. « J'en sais rien. Ca m'a tout l'air d'être un gros dragueur qui aime avoir une tonne de conquête. Et je n'ai certainement pas envie de passer pour la fille désespérée qui lui court après. D'un autre côté … Je pourrais très bien aller le remercier et voir où ça mène », répondit-elle en feignant l'indifférence alors que c'était loin d'être le cas. Elle avait l'impression d'avoir à nouveau quinze ans et elle se sentait totalement ridicule. « Est-ce que tu as faim ? On passe à table ? », demanda-t-elle prenant son rôle d'hôtesse très au sérieux.

La soirée s'annonçait plaisante. Et c'était tant mieux. Parce que la jeune femme avait terriblement besoin de ces soirées entre copines pour se sentir bien. Elle avait suffisamment de déjeuner et de dîner dans la semaine, simplement destiné à obtenir de bons contacts pour continuer à donner une bonne image d'elle et de sa famille. Un travail d'hypocrisie que son frère n'était pas obligé de faire, lui. Elle avait hérité de cette charmante tâche simplement parce qu'elle avait un joli sourire et une paire de seins. La vie était injuste parfois. Enfin … Peut-être n'était elle pas non plus la plus à plaindre. Une petite courbette part-ci, un petit compliment part-là et tout ceci suffisait à ce que la jeune femme ait un compte en banque bien rempli. Mais contrairement aux idées reçues, elle aimait bien en faire profiter son entourage aussi. Alors si elle pouvait aider Cecelia à se lancer dans ce qui la passionnait, ce serait avec plaisir, qu'elle le fasse avec sa fortune personnelle ou avec celle de son père d'ailleurs. « C'est normal que je t'encourage, tu as vraiment du talent. Je ne te dis pas ça parce que tu es mon amie ou pour te faire plaisir, c'est simplement la vérité. Et un talent pareil mériterait d'être exposé aux yeux du monde », affirma-t-elle avec un sourire. Après tout, elle ne risquerait pas de perdre des milliers de dollars pour quelqu'un qui ne le mériterait pas. Si elle encouragerait Cecelia, ce n'était pas par amitié, mais parce qu'elle croyait en son talent et en sa réussite, tout simplement. Il n'y avait rien d'autre à dire à ce sujet. Il n'y avait qu'à voir la sublime robe qu'elle lui avait faites. Si elle travaillait à son compte, elle pourrait encore en faire de nombreuses comme celle-ci, plus belles les unes que les autres.Mais pour l'heure, parler d'hommes était beaucoup plus intéressant pour les deux commères qu'elles étaient ensemble. « Il n'y a rien de pire qu'un homme qui n'a pas de conversation. A quoi est-ce que ça peut bien servir qu'il soit beau s'il est ennuyant comme la pluie ? », souffla-t-elle d'un ton entendu. Bref, Jay Thomson était une exception à la règle auroresque. Parce qu'il était beau, elle ne pouvait pas le nier. Mais il était intéressant tout autant. Et elle devait bien reconnaître qu'il lui plaisait. Il l'intriguait. Il avait quelque chose qu'elle ne pouvait expliquer. Mais si ça se trouvait, il était déjà prit. Elle avait tenté de l'espionner sur les réseaux sociaux mais elle n'avait rien trouvé. « Je pourrais même lui faire des muffins », souffla-t-elle, réfléchissant à haute voix. Ce qui voulait en fait dire qu'elle pouvait aller dans une pâtisserie et choisir des muffins avec beaucoup d'amour, mais ça s'arrêtait là. Sauf si elle voulait tenter d'empoisonner le pompier, ce qui ne serait pas très pratique pour ses besoins de femme célibataire « Allez, à table », souffla-t-elle avec un sourire. Elle alla récupérer dans le four le plat qu'elle y avait mit, un délicieux poulet à l'oriental et du riz aux légumes. Et évidemment, elle s'était contentée d'ouvrir des barquettes de chez le traiteur, mais elle n'était pas obligée de le dire à voix haute. Après avoir remplis deux assiettes et avoir une nouvelle remplis leurs verres de vin, elle s'assit en face de son amie. « Bon appétit », souffla-t-elle gentiment.

Être avec Cecelia était un plaisir pour Aurora. Elles s'entendaient si bien toutes les deux. C'était rare d'avoir de telles amitiés, elle en avait conscience. Cela ne lui était arrivé que très rarement dans sa vie. Mais elle trouvait cela d'autant plus plaisant que Cecelia était très différente d'elle. Comme tous les autres, Cecelia aurait pu s'arrêter aux apparences et ne pas chercher plus loin. Elle aurait pu ne pas chercher à voir en elle ce qu'elle était vraiment. Mais elle l'avait fait et Aurora en était très heureuse. Autrement, elles seraient passées à côté de quelque chose de fort. Par chance, elles n'auraient jamais à le savoir. Et au nom de cette amitié, l'héritière était prête à tout pour venir en elle à la belle brune. Surtout qu'elle avait du talent. « Je t'en prie, c'est normal », rectifia-t-elle. A quoi ça servait d'avoir plus d'argent qu'elle ne pourrait jamais en dépenser – enfin quoi que … - si elle ne pouvait pas aider ses amis ? A redécorer sa maison cinquante fois, certes. Mais à part ça, ça ne servait à rien. Ceci dit, la discussion dériva rapidement sur un autre sujet que les deux femmes affectionnait particulièrement : les hommes. Enfin, façon de parler. L'une comme l'autre, elles n'étaient pas douées pour l'amour. Elles n'étaient pas chanceuses. Et Aurora n'espérait pas que sa dernière rencontre serait différente. Avec de la chance, la jeune femme aurait le droit à un amant qui prendrait soin d'elle, mais elle avait renoncé à l'amour depuis longtemps. De toute façon, chaque fois qu'elle s'attachait, son frère trouvait le moyen de tout gâcher. Alors la jeune femme préférait trouver des hommes avec qui passer la nuit et capables de la divertir qu'un homme simplement beau. « Manque de chance pour toi, le seul homme célibataire que je connaisse répondant à ces critères est mon frère. Et je te le déconseille vivement », souffla-t-elle avec un sourire. Ce n'était un secret pour personne que les relations que la jeune femme avec son frère jumeau étaient tendues. Et ce n'était pas non plus un secret qu'il pouvait être un vrai connard. Alors il était certain qu'elle ne le présenterait pas à son amie. D'autant plus qu'elle ne tolérerait pas cette relation. Elle n'avait jamais supporté les copines de son frère, ce n'était pas nouveau. « Oh détrompe toi ma chère, j'ai déjà fait des muffins. Ils étaient infects, mais j'en ai fais », souffla-t-elle avec le sourire. Elle s'était contentée de les goûter, de les trouver immondes et de les jeter à la poubelle. Raison pour laquelle ce soir, la jeune femme avait cherché à manger chez un traiteur. La jeune femme fit le service et s'installa face à Cecelia. « A part ça, comment ça se passe au travail ? », demanda Aurora en leur servant à toutes les deux un nouveau verre de vin.

Aurora aimait encourager son amie. Elle aimait l'idée de l'influencer dans le bon sens. Parce qu'elle avait du talent et qu'elle rêvait du jour où elle s'habillerait avec ses vêtements. « C'est parce que tes rêves sont réalisables ma belle. Franchement, j'ai rarement vu autant de talents dans deux petites mains. Et c'est une fille qui s'habille généralement en Yves Saint Laurent qui te dit ça », affirma-t-elle. Bon, d'accord, ça pouvait un peu faire superficiel dit comme cela. Mais la jeune femme était sincère. Elle avait l'habitude d'un certain standing, elle ne s'habillait pas n'importe comment et elle avait vraiment un faible pour le luxe et les belles choses. Alors quand elle disait que la jeune femme avait du talent, ce n'était pas mensonger/ « Tu as tout à fait raison, s'attacher c'est pour les gens faibles », affirma-t-elle. Probablement parce que chaque fois qu'elle s'était attachée, elle avait fini avec le cœur brisé. Maintenant la jeune femme se contentait de quelques conquêtes pour son plaisir personnel. Elle avait bien trop peur à l'idée d'offrir son cœur à quelqu'un qui risquait de lui faire du mal. Sans doute pour cette raison qu'elle hésitait à rappeler le pompier en carton. On ne savait jamais, si elle s'attachait à lui, ce que ça pourrait donner. « Très bonne réponse ma chérie, je ne suis pas sûre que je t'aimerai encore beaucoup si tu te tapais mon frère », avoua-t-elle en fronçant les sourcils. Aurora n'aimait pas voir des femmes tourner autour de lui. Aucune n'était assez bien aux yeux de la jeune femme. Son frère méritait la perfection. Ou plutôt, il ne méritait personne. Il avait gâché tellement souvent les relations de la jeune femme qu'elle estimait que la seule chose qu'il méritait, c'était de la souffrance pour lui aussi. « Tu tiens vraiment à mourir dans un incendie ? Si tu veux mourir, y a des moyens moins douloureux », annonça Aurora. Peut-être que c'était exagéré, mais ce n'était pas impossible au final. La jeune femme était sans doute la seule personne au monde à rater des pâtes. C'est simple, la jeune femme se nourrissait uniquement de plats provenant de traiteurs ou au restaurant. Elle avait également une cuisinière, qui venait cuisiner pour elle tous les midis, du lundi au vendredi. Voilà où en était son niveau de cuisine. « Ce serait du gâchis de vendre les vêtements des autres toute ta vie », fit-elle remarquer, sans aucune délicatesse. Peut-être que ça pourrait paraître dur. Il n'y avait pas de mauvais métiers et c'était très bien d'être vendeuse, surtout dans la mode. Mais Cecelia ne pouvait pas gâcher son talent en vendant de simples vêtements alors qu'elle pouvait en créer de beaucoup plus jolis que ceux là. « Pour l'instant, je n'ai rien de prévu. Mais pour la fin d'années, je vais organiser la fête de noël du personnel. Mon père a toujours tenu à organiser une belle fête pour tous ses employés », expliqua-t-elle. Elle était très excitée à cette idée. Aurora adorait noël et elle se réjouissait presque autant que les employés à l'idée de cet événement à venir.

Aurora était excitée comme une petite puce chaque fois qu'elle voyait une nouvelle création de son amie. Elle adorait ce qu'elle faisait. Selon Aurora, Cecelia gagnerait beaucoup à se lancer dans la mode et elle gagnerait énormément à lancer sa propre collection. Oh, la jeune héritière avait conscience que c'était un défi de taille. Mais si on lui demandait son avis, la jeune femme pensait que Cecelia perdait son temps à vendre des vêtements de prêt à porter. Soyons honnêtes cinq minutes, ce n'était pas comme vendeuse qu'elle allait faire carrière. Encore moins dans un magasin comme Zara. Si encore elle travaillait dans la boutique d'un grand couturier … Mais non. Elle travaillait dans une boutique de vêtements tout ce qu'il y avait de plus simple. Et s'il n'y avait rien de dégradant à cela, elle pensait quand même que c'était gâcher le talent de la jeune femme. « Et encore, il serait apprécié par plus de gens si tu prenais le temps de montrer ce que tu fais à quelqu'un d'autre qu'à moi », affirma-t-elle avec conviction. Peut-être que la jeune femme se montrait pénible, c'était un fait. Mais à vrai dire, si elle se répétait si souvent, c'était pas qu'elle espérait vraiment que Cecelia finirait par la croire et surtout par l'écouter. Elle voulait voir son amie réussir dans ce domaine où elle excellait tant. Bon, elle ne pouvait pas non plus faire plus que la soutenir dans cette voie, si Cecelia ne se lançait pas. Mais elle était sûre de pouvoir l'aider à trouver des investisseurs et des clientes si elle se décidait. Enfin bref. Elle ne pouvait pas le faire à sa place alors elle attendait que la jeune femme se décide un jour ou l'autre. « Tu ne le dis pas, mais moi je le dis », répondit-elle en haussant les sourcils. Aurora, allergique à l'amour ? Parfaitement. Et elle l'assumait parfaitement. « Enfin tu as le temps de toute façon, tu trouveras chaussure à ton pied », souffla-t-elle, confiante. Cecelia était une fille bien, gentille, avec des valeurs. Elle était jolie aussi. Bref, elle avait tout pour plaire et Aurora savait qu'un jour ou l'autre elle trouverait quelqu'un de bien pour elle. « Très bonne réponse », souffla Aurora, satisfaite. Rares étaient ses copines n'ayant pas tenté leur chance avec son frère. Et elles s'étaient toutes attirées les foudres de la brune. « De toute façon tu ne raterais rien, c'est un connard », ajouta-t-elle en haussant les épaules. Ca c'était dit. Aurora adorait son frère a peu près autant qu'elle le détestait. Mais avec les femmes, il fallait dire ce qui était : il n'était pas un homme bien. « On pourrait tenter le coup un jour. En attendant, je serais toujours une des meilleures clientes des pâtisseries du centre ville », plaisanta-t-elle. Et puis elle faisait tourner l'économie locale. Oui, c'était la seule excuse que la jeune femme avait trouvé pour que cela soit acceptable qu'elle soit incapable de cuisiner. « J'en sais trop rien, on verra sur le moment », répondit-elle finalement. Heureuse de passer la soirée avec son amie, Aurora passa encore plusieurs heures à discuter joyeusement avec Cecelia.