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La journée de Gio a été particulièrement mauvaise. Elle a commencé par la découverte d’un coussin déchiqueté au beau milieu du salon, et s’est achevée par la perte d’un procès. Entre ces deux événements, il y a eu une succession de péripéties qui n’ont fait qu’aggraver les choses. Des cafés renversés, des bugs informatiques, une femme en colère, un frère en crise…  Gio a bien cru qu’il n’allait jamais survivre. L’italien ne peut s’empêcher d’émettre un bruyant soupir de soulagement lorsqu’il se gare devant chez lui, dans l’allée du garage. Il coupe le moteur et observe d’un air un peu absent la belle porte d’entrée rouge. Il y a eu un temps où l’idée de savoir que Gemma l’attendait derrière le faisait sourire. Il n’attendait jamais bien longtemps avant de sortir de sa voiture, presque à la hâte. Il ouvrait la porte avec beaucoup d’entrain, annonçait son retour d’une voix presque chantante. Un baiser, quelques mots d’amour, encore un baiser, un verre de vin sur le canapé, et il ‘avait l’impression d’être le plus heureux des hommes. Ce rituel est mort depuis un long moment, maintenant. Il n’a plus envie de rentrer chez lui. Encore moins en sachant que sa femme lui a pris la tête au téléphone, il n’a pas très bien compris pourquoi. Il était avec un client lorsqu’elle l’a appelé, alors il l’a écoutée se plaindre d’une oreille un peu distraite. Gio avait surtout envie de raccrocher pour mettre un terme à cette situation affreusement gênante. Gemma n’est pourtant pas le genre de femme qui s’énerve facilement, alors il suppose que si elle l’a appelé avec autant de colère dans la voix, il y avait une bonne raison. Quelle qu’elle soit, ça ne lui donne pas envie de rentrer chez lui. Après la journée qu’il vient de passer, il a envie d’être en paix.

Il hésite. A-t-il vraiment le courage de rentrer chez lui pour affronter la tempête ? Ca sera fait, qu’il se dit. Gemma videra son sac, il tentera de riposter avec un peu plus de véhémence, elle se vexera, et ils partiront se coucher sans un mot. Non, il n’a pas le courage. Il veut reposer son esprit, boire un bon verre de whisky et rire des nouvelles mesures stupides du président orange. Gio n’a pas la force de faire face à Gemma. Il sait d’avance qu’il pourrait dire des monstruosités qui dépassent largement sa pensée. Leur mariage ne va pas bien à cause de lui, il ne sait pas si Gemma en a conscience, mais lui oui. En rajouter une couche ne lui semble pas utile. Pas utile du tout. Demain, il sera prédisposé à cette dispute. Pas ce soir, pas maintenant. Et qui sait ? Peut-être que d’ici à demain, Gemma aura oublié d’être énervée. Ca ne peut pas le tuer, d’espérer un peu. Gio redémarre son véhicule et sort de l’allée en prenant bien son temps. A ce stade, ça ne sert à rien de se cacher. Sa femme l’a très certainement entendu arriver, elle n’est pas dupe. S’il n’avait jusque-là aucune idée de ce qui a bien pu mettre Gemma dans un tel état, il lui donne une bonne raison de vouloir être en colère contre lui. Il s’enfuit littéralement de chez lui, dans le plus grand des calmes. Il n’arrive même pas à se sentir désolé. Au contraire, ça le rend presque heureux. Et Gio n’a pas à tergiverser pendant 107 ans avant de savoir où aller. Il s’arrête à l’épicerie la plus proche, achète la bouteille de whisky la plus chère et retourne là où il passe le plus clair de son temps : le cabinet.

En ce moment, tout le monde sait que Gio a du mal. Lorsque lui et Shane ont acheté le cabinet, les deux hommes étaient encore de véritables requins. Ils défendaient leurs clients avec une détermination gargantuesque. De véritables monstres. Aujourd’hui, Gio n’a plus la même rage. Le système l’agace, l’affaiblit. Il se demande si son combat contre les injustices a encore lieu d’être. Il repense à son procès perdu de la journée et ça le mine. Avant de descendre la bouteille à lui tout seul, il se précipite à l’intérieur du cabinet. Shane est un peu comme lui, c’est un bosseur, un acharné. C’est pour ça que leur duo fonctionne aussi bien, qu’ils ont décidé de monter leur affaire. Habituellement, Gio évite de le déranger. Lui-même déteste lorsqu’on l’interrompe alors qu’il travaille sur un dossier. Ce soir, il change la règle. Il se permet de faire irruption dans le bureau de son collègue, non sans frapper. Gio est un homme poli, et il n’a pas spécialement envie de tomber sur un Shane nu pour une quelconque raison. Il passe son bras dans l’ouverture de la porte et agite la bouteille d’alcool en lâchant un petit « C’est moiiiiiii ! » étrangement jovial. Lorsqu’il a le feu vert, il entre dans le bureau en effectuant une petite danse. « Désolé de te déranger. Je t’assure que c’est un cas de force majeur. » Il dépose la bouteille exactement devant lui en haussant légèrement les sourcils. « Dis-moi tout, tu les caches où tes verres ? » Ca, c’est exactement ce dont il a besoin. Une soirée sans prise de tête avec Shane et quelques bons verres de whisky. Bon, il risque d’être dans un état pitoyable à la fin. Peut-être même qu’il sera incapable de rentrer chez lui. Il s’en fiche pas mal, ça l’arrange presque. Il en vient à penser que son bureau serait bien plus confortable que le lit conjugal.

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Shane commençait peu à peu à sombrer dans la monotonie. Il en avait marre de faire tous les jours la même choses. Se lever, se laver, choisir un costume : un gros tendre. Puis allez dans son salon, dire bonjour à sa gouvernante, la remercier d’avoir fait son déjeuner. Manger. Récupérer ses clés de voiture dans l’entrée et aller au boulot. De là, il exige un énorme cafe noir qu’Arya doit lui ramener et il plonge le nez dans ses dossiers et affaires. Il n’y en a aucune qui lui donne envie de faire des efforts, de passer des heures et des heures à décortiquer des bouquins pour trouver ce léger détail qui fera toute la différence. Dans un excès de colère, il laisse tomber son stylo dorée et se prends la tête dans les mains. Il a mal à la tête. « Aryyyyyya ? » Une tête blonde apparaît devant lui en quelques secondes. « Annule mon premier rendez-vous. J’ai des courses à faire. » La jeune femme ne proteste pas. Elle commence à bien le connaitre. À vrai dire, elle sait même ce qu’il va faire. Sa veste sur les épaules, il marche à grandes enjambées vers l’exposition de photo qui se trouve à un pâté de maisons. C’est un lointain ami de ses parents qui exposent. Parents qui sont bel et bien présente en cette funeste matinée. Il salut les rares personnes qui prennent le temps d’en faire de même. Puis, il se plante avec un magnifique sourire forcé devant eux. « J’espère que vous êtes contents. Vous avez obtenu ce que vous vouliez. Comme toujours. » Il a envie de les applaudir, de les démolir. Il les hait comme jamais il ne les a haïs. Leur rêve à une fois de plus était réalisé. À quel prix ? Shane se retrouve à nouveau seul et désemparé. Toujours incapable de pouvoir apprendre ce qu’est l’amour. « Profitez pendant que vous le pouvez encore. J’vous jure que je vous ferais la peau. » Il a envie d’hurler mais il garde le contrôle de soi-même. Les invités sont plus qu’habitué à ses frasques, à ses coups de gueule. Aujourd’hui, l’avocat n’offre rien de plus que des paroles sèches, acerbes. Des promesses déguisées. Des mots qui, il espère, brisent la confiance de son paternel et de cette pimbèche qui se tient à ses côtés. « La prochaine fois qu’on se croisera, se sera face à un tribunal. » Sur ces grandes lignes,Shane offre un dernier regard emplis de colère et de tristesse à ses parents avant de retourner à ce qu’il sait faire de mieux : boire un scotch et gagner des affaires juridiques.

Il est d’ailleurs dans un dossier dès plus simple quand il entends des petits coups à sa porte de bureau. Il commence à faire tard, il aurait dû rentrer chez lui comme le lui avait conseiller la blonde. Malheureusement, il n’avait pu s’y contraindre. Shane n’avait personne à retrouver chez lui, et il avait encore dans la peau et dans les veines les restes de la vieille. Il avait finit la bouteille de rhum. Il suppose que la gouvernante n’en aura pas achetée une nouvelle. Elle est bien trop apeurée par l’idée qu’il puisse faire une overdose.  « Entrez. » qu’il sort d’une voix lourde et grave. « C’est moiiiiiii ! » Giovanni. Il n’était pas censé être chez lui à l’heure qu’il est ? « Bonsoir, moi. » Qu’il réponds, le nez toujours fourré dans ses papiers, le stylo presque relié à sa lèvre supérieur. Ce soir, il a de l’humour. Et oui, c’est un humour absolument pas drôle. « Désolé de te déranger. Je t’assure que c’est un cas de force majeur. » Shane pose tout sur son bureau, lève le regard vers l’italien et penche légèrement la tête en remarquant la bouteille. « Tu vas vraiment te prendre une cuite parce que tu as perdu cette après-midi ? » Sincèrement, il s’en voulait pour trop peu. Ce n’est pas sa première, ce ne sera pas sa dernière affaires perdues. C’est le but de leur métier : gagner ou perdre. « Dis-moi tout, tu les caches où tes verres ? » Shane souffle, se lève de son bureau pour aller ouvrir une commode où trône dessus quelques boissons : de l’eau plate ou du scotch. Il prends deux verres et tends un au brun. « J’espère au moins qu’il a bon goût. » A peine le whisky dans son verre, qu’il se met à humer les saveurs qui s’en dégagent. Pas mal, pas mal. « C’est quoi le problème ? » D’habitude, c’est toujours lui qui vient demander conseils. C’est étrange que se soit l’inverse. « Je te préviens, je suis un très mauvais choix si tu cherches une épaule sur laquelle pleurer. » Shane a très souvent l’impression que le monde gravité autour de lui. Ses chevilles vont bien. les problèmes des autres, ils ont tendance à lui passer au dessus de la tête. C’est pas faute d’avoir essayé, mais franchement … ça l’agace. « Par contre, je suis très calé en ce qui concerne le sexe. Si t’es venu pour ça, y’a moyen qu’on passe une bonne soirée. » Un petit sourire narquois plane sur ses lèvres alors qui se laisse tomber allègrement sur l’un des fauteuils en cuir qui se trouvent à l’angle de son bureau. Il adore la vue qu’il a, d’ici. L’océan à perte de vue.

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Shane, il n’est pas toujours marrant. Accueillir Gio en disant « bonsoir, moi », c’est drôle. Mais insinuer qu’il soit là avec une bouteille de whisky pour oublier l’échec cuisant de son procès, ce n’est pas drôle. Il n’est pas venu ici pour souffrir, okay ? Gio regarde son associé avec désapprobation. « Non. Je vais me prendre une cuite parce que je suis beau et génial, et très heureux de vivre. » Il affiche un grand sourire, digne de celui d’un enfant de cinq ans et demi. Le genre de sourire un peu forcé qui permettrait presque à Shane d’examiner avec beaucoup de précision la dentition du trentenaire. Il dépose sa bouteille sur le bureau de Shane et se laisse tomber sur l’un des fauteuils en cuir, non sans pousser un très long soupir de fatigue. Il est tellement bien là, affalé comme un pacha, que le moindre geste lui demande un effort titanesque. Alors lorsqu’il se redresse pour attraper le verre, Gio grimace légèrement. Il y a deux secondes, Gio ressemblait à un gamin. Maintenant, il a l’allure d’un grand-père. « Je peux pas garantir. » Dit-il à propos de la qualité du whisky. « J’ai pris ce qu’il y avait de plus cher. » De manière générale, les épiceries du coin ne sont pas réputées pour vendre les meilleurs alcools du pays. Gio s’est simplement fié au prix, en se disant que le plus cher aurait forcément une qualité supérieure aux produits vendus à moindre prix. Il n’en sait rien, à vrai dire. L’italien imite son acolyte en humant le liquide brunâtre avant d’en boire une toute petite gorgée. Tous les deux s’accorderont à dire que ce whisky n’est définitivement pas le meilleur qu’ils aient goûté. Mais pour ce qu’ils veulent en faire, Gio se dit que c’est suffisant.

Maintenant qu’ils sont bien installés avec leur bouteille de whisky, l’heure est aux confidences. Mais Gio, il n’aime pas beaucoup parler de ce qui le tracasse. Il est le premier à trouver ses problèmes inintéressants, il ne supporte pas vraiment l’idée d’agacer son entourage avec sa crise existentielle. D’autant plus qu’elle traîne depuis un petit moment, cette crise, et on ne va pas se mentir, personne ne peut rien faire pour lui. C’est à lui seul d’agir comme un homme. « Kinky ! » S’exclame-t-il en haussant les sourcils. « T’es en manque Hollister, c’est pour ça que tu me fais des avances ? » Gio a arrêté de suivre les aventures amoureuses du brun depuis bien longtemps. Il ignore où il en est, si tant est que Shane en soit quelque part. C’est toujours compliqué, les histoires d’amour. Ou alors il est trop vieux pour comprendre, il ne sait pas trop. Lui, il n’a rien vécu de bien fou. Il a rencontré Gemma et le lendemain même, il savait qu’elle deviendrait un jour sa femme. On ne peut pas dire qu’il ait vraiment eu le temps de faire des folies avec son corps. Shane, lui, il profite de son physique avantageux pour collectionner les femmes. Elles tombent comme des mouches ! Ce n’est pas étonnant que Gio se sente perdu. « Mais tu sais, cette épaule elle me paraît quand même très palpable. T’es sûr que je peux pas pleurer dessus ? » Qu’il fait en penchant légèrement la tête sur le côté, comme pour analyser le niveau de confort que son épaule droite pourrait lui conférer. Shane a de la chance. Gio préférerait mourir plutôt que laisser la moindre larme sortir de son corps d’Apollon. Il est encore trop fier pour s’autoriser à fondre en larmes. Mais d’ici à ce qu’il en arrive à ce stade, les poules auront des dents.

« Sinon, le problème, c’est que Gemma m’a cassé les pieds toute la journée et je sais même pas pourquoi. » Gio boit une longue gorgée de son verre. Sa femme l’a vraiment épuisé. « Déjà que j’me sens pas particulièrement heureux d’être marié en ce moment, alors si en plus elle me prend la tête pour une sombre raison… C’est même pas la peine. » Cette réflexion s’adresse plus à lui qu’à Shane. Il s’en veut presque immédiatement d’évoquer son mariage. Il se dit que ce n’est sans doute pas avec son associé qu’il doit parler de tout ça. Gemma est la principale intéressée. « ENFIN BREF. » L’attitude de Gio change radicalement. Sa mine triste disparaît instantanément. Il retrouve son regard rieur et son sourire faussement angélique. Gio prend ses aises, il pose allègrement ses pieds sur le joli bureau de Shane, sans vraiment s’inquiéter des traces qu’il pourra laisser à la fois sur le meuble, mais aussi sur les quelques dossiers qui traînent. Il n’avait qu’à mieux ranger ses affaires, voilà tout. Gio se décharge de toute responsabilité. « Il en est où ton mariage, à toi ? » Nulle part, suppose-t-il. Mais ça lui fait plaisir d’embêter Shane sur le sujet. C’est revigorant. Accessoirement, il saisit l’occasion de se mettre à jour dans la vie mouvementée de son associé. Ce qui n’est pas une mince affaire ! « Est-ce que tu as déjà couché avec Arya ? » Et ça, c’est la question bonus. Elle lui a traversé l’esprit il y a un petit moment, et l’a toujours turlupiné depuis. Ce soir, c’est l’occasion de mettre les points sur les i et les barres sur les t.

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L'avocat a ses petites manières. S'il s'autorise à rendre des dossiers de divorce, c'est juste parce qu'il apprécie que le couple n'est pas tenu. Il déteste les gossips. Il déteste l'amour. Il déteste le bonheur, presque. Mais bien que l'affaire sur lequel il travaille soit passionnant comme jamais, il ne peut pas laisser son collègue et partenaire boire une bouteille de whisky a lui tout seul. « Non. Je vais me prendre une cuite parce que je suis beau et génial, et très heureux de vivre. » Ah ! Tout s'explique donc. « Beau et génial, ça reste quand même à voir. J'suis pas certain que tout le monde soit d'accord avec ça. » Shane n'est pas d'accord avec ça. Giovanni, beau ? Uh. Nope. Il ne pense pas. Ou, dans un tel cas, ça veut dire qu'on le qualifie bien mieux que par le simple mot beau. Monsieur imbus de sa personne est réveillé. « Le dernier point est une bonne raison de boire ! » Il aimerait bien croisé dans sa vie des personnes vraiment heureuses de vivre. C'est qu'une invention dite par un inculte pour faire croire au monde entier que le bonheur pouvait exister quelque part. Si c'était le cas, le Hollister ne serait pas là à ouvrir une bouteille et à se demander si elle est de bonne qualité ou non. Il a pas envie d'avoir mal à la tête demain. « Je peux pas garantir. » Alors pourquoi avoir acheté si c'est de la merde ? Il a pas d'argent dans le porte monnaie ? Shane va sérieusement devoir appeler son room service secret pour aller lui acheter un whisky digne de ce nom si ça continue ainsi. « J’ai pris ce qu’il y avait de plus cher. » GREAT ! « Désolé de te dire ça, mais tu n'as aucun goût. » Et encore, le terme est assez faible. « Demande de l'aide pour ça, la prochaine fois. » Shane connait de bon marchand. Il pourra lui donner de bons conseils aussi. Néanmoins, malgré que ce whisky lui donne tout sauf envie, il remplie deux verres. Un pour Gio, un pour lui. « Kinky ! » Kin- quoi ? « Ouais, c'est ça. Kinmachin ! » Shane lève son verre et en boit une gorgée non s'en réprimander une petite grimace. Beurk. Il laissera le reste à l'italien et continuera au scotch. « T’es en manque Hollister, c’est pour ça que tu me fais des avances ? » Exactement ! Il acquiesce. « Touché. » Mais qu'il se rassure, le Esposito, Shane a droit à toutes les femmes qu'il désire dans ses draps. Malheureusement, celle qu'il désire le plus vient de le rejeter comme une vieille chaussette qui pue le camembert. Pourquoi était-ce si important qu'il lui ouvre son coeur ? Il ouvrait déjà son pantalon. Ophelia devrait déjà être très satisfaite. « Tu acceptes donc mes avances ? » Tant mieux. Il avait besoin d'un peu de compagnie. Enfin ... Sans sexe par la suite. « Mais tu sais, cette épaule elle me paraît quand même très palpable. T’es sûr que je peux pas pleurer dessus ? » Le Hollister remet sa chemise en place. « N'ose même pas, Esposito. » Shane peut faire quelques sacrifice, tenter d'être un poil plus sociable, mais il ne faut pas non plus le pousser à bout. Anya le forcé parfois à faire des câlins, c'était tout un challenge à surmonter. Alors une personne qui pleure sur son épaule ... Bon dieu, ça bousillerait la soie et il serait obligé de l'envoyer à un pressing pour qu'elle soit laver à haute température. « Sinon, le problème, c’est que Gemma m’a cassé les pieds toute la journée et je sais même pas pourquoi. » Le brun baille. « Pardon.  » Il lui fait signe de continuer et prends une gorgée supplémentaire du délicieux alcool ambré dans son verre. « Déjà que j’me sens pas particulièrement heureux d’être marié en ce moment, alors si en plus elle me prend la tête pour une sombre raison… C’est même pas la peine. » Il lève les yeux au ciel. « Ton histoire est ennuyante à mourir. » Il a déjà assez d'histoire de la sorte avec ces clients. « ENFIN BREF. » Miracle. « Pourquoi tu divorces pas Je connais un très bon avocat qui ne prends pas énormément de caution ... » Lui. « Ca m'évitera de t'avoir dans les pattes une soir de semaine. » Il est même compatissant, il lui offre son plus beau sourire. « Et l'avantage, c'est que tu pourras baiser qui tu veux ! » TIl faut toujours pensé au sexe. C'est un point très important dans la vie d'un homme. Surtout dans celle de Shane. « Il en est où ton mariage, à toi ? » L'avocat pose son verre sur la table basse pour ne pas le lancer dans la pièce. « Mon ... Mariage ? » Il va définitivement frappé son petit frère. Le tuer. L'enterrer loin dans la forêt. « Y'a pas de mariage. » qu'il réponds, d'un ton froid. « Y'aura jamais de mariage. » Est-ce qu'il serait capable de rester toute sa vie auprès d'Ophelia ? Oui. Non, bien sur que non. Il va aller voir ailleurs à un moment donné. Elle l'avait bien souligné, avant de monter dans cette voiture et de partir de sa vie.« Est-ce que tu as déjà couché avec Arya ? » Il hausse un sourcil. « Tu vas pas me dire que t'es pas au courant ? » L'autre cruche de secrétaire, qui avait des vu sur lui depuis le départ, a même raconter des dizaines d'âneries à ce sujet. « Bien-sûr que j'ai déjà couché avec elle. Quel intérêt sinon ? » Bon, d'accord, il avait mordu la poussière juste après. Rachel, sa cousine, lui en avait voulu, et il avait eu la peur de sa vie en pensant qu'Arya était tombé enceinte. Mais maintenant, ça va mieux ? « Tu veux te la faire ? » Shane le déshabille du regard. « Va falloir jouer le grand jeu ... » Et acheter autre chose qu'une bouteille de whisky. « Ramène de la chantilly, elle risque de comprendre le message. » Et si elle le comprends pas, Shane se fera un plaisir de le faire.

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L’italien observe Shane avec amusement, la tête légèrement inclinée. « T’es donc désespéré à ce point. » Au point de lui faire des avances à lui, Giovanni Esposito. Il n’a rien de féminin, pourtant. Pas de jolies jambes épilées, pas de poitrine généreuse, et surtout pas de vagin. Evidemment qu’il s’agit d’une plaisanterie. Le jour où il existera une tension sexuelle entre les deux associés, les poules auront des dents. « Je suis désolé, je vais peut-être te briser le cœur, mais j’accepte pas tes avances. » Lui, il accepte seulement de boire cette bouteille de whisky basse qualité en sa compagnie. Pour le sexe, il est à peu près certain que Shane dispose de son propre harem. Ou d’une femme. Gio est persuadé que dernièrement, Shane partageait un petit bout de sa vie avec une charmante brunette ; l’avocat l’a déjà croisée une ou deux fois, mais n’a jamais eu le privilège de connaître son prénom. Il suppose cependant que si cette brunette était encore dans le coin, Shane ne serait pas en manque de sexe. Mais il n’écarte pas la possibilité que tout ce cirque ne veuille rien dire. Parfois, lire entre les lignes ne sert à rien. Surtout avec Shane. Ce type est une énigme. A chaque fois que Gio croit le comprendre, il finit par se rendre compte qu’il se trouvait à côté de la plaque.

Si le brun ne semble pas enclin à confier certains détails de sa vie amoureuse, Gio, lui, il n’hésite plus. D’aussi loin qu’il se souvienne, il n’a jamais évoqué son mariage désastreux devant son associé. Il estime qu’il s’agit d’un sujet assez peu intéressant qui ne regarde que lui. Et puis il s’agace, à ruminer dans son coin. Gio a conscience d’avoir une vie qui frôle la perfection. Son entourage ne manque jamais de lui répéter, ils lui disent qu’il a tout pour être heureux. Quelque part, Gio se sent bête ne pas réussir à trouver ce qu’il cherche. Gemma ne l’aide pas. Sans même s’en rendre compte, elle creuse cet écart qui existe entre eux. Gio, ça le rend fou. « J’t’emmerde. » Qu’il répond d’un air bougon. « T’avais qu’à pas demander où était le problème. » L’italien enfile son verre cul sec avant de le remplir à nouveau. Il réagit à peine lorsque Shane lui parle de divorce. Du moins, il fait semblant de ne pas l’entendre. Gio fixe le fond de son verre avec plus d’intérêt qu’il n’en faudrait. Le divorce sera sans doute l’issue inévitable à son problème. Mais pour une sombre raison, il l’évite. Chez les Esposito, le mariage, c’est sacré. Même si Gina a bénéficié de tout le soutien dont elle avait besoin, il a bien vu cette petite pointe de déception dans le regard de ses parents. Quand bien même ils soient très doués pour la cacher, Gio est parvenu à la déceler. Outre la réaction de sa famille, il craint celle de Gemma. Leur mariage lui convient, apparemment. Alors chaque matin, quand il se lève, il se dit qu’un truc exceptionnel va se produire, et tout son mal-être s’évaporera comme par magie. C’est ça, cet espoir un peu fou, qui l’empêche de se cogner la tête contre un mur. Dobby style.

Il change le sujet et questionne Shane sur son mariage. Sa réponse l’intrigue, il a envie de le titiller un peu et en même temps, il sent toute la sensibilité du sujet. Alors il lui demande s’il a déjà couché avec Arya. C’est une question qu’il s’est souvent posé, on ne va pas se mentir. Gio fronce les sourcils, secouant la tête. « T’es sale, Hollister. » Gio n’approuve pas. « Et pourquoi on me dit jamais rien, à moi ? » Un peu plus et il bouderait. Il se sent vieux. La quarantaine le guette, il sent que c’est l’une des raisons qui fait qu’il ne soit jamais au courant de rien. Ceci dit, il ne devrait pas non plus être surpris ou choqué d’un tel aveu. Shane saute sur tout ce qui bouge. « Tu veux te la faire ? » Il sourit légèrement. Quand bien même Gio serait potentiellement intéressé par Arya, il est marié. Jamais il ne pourra tromper Gemma. Ce n’est pas dans ses principes. Ses parents lui ont toujours appris l’importance du respect, et son père lui a répété maintes et maintes fois qu’une femme, ça se respecte. Gio, il a des valeurs qui lui sont chères. Peu importe où en est leur mariage, il ne sera jamais celui qui fera couler le navire. « Non merci. » Qu’il dit en resservant un peu de whisky à Shane. « J’suis pas aussi sale que toi. » Il repose la bouteille sur le bureau et se laisse aller dans le fond de son fauteuil. « Mais donc, cette histoire de mariage. De la façon dont j’vois les choses, j’ai comme l’impression que tu l'as possiblement envisagé avec quelqu’un. » Il marque une brève pause. « Arya, peut-être ? » Décidément, il a quelque chose avec leur secrétaire. Gio sourit, parce qu’il sent que ça va l’énerver. Il aime bien énerver Shane. Il rigolera un peu moins lorsqu’il recevra son verre en pleine figure.

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Boire est une chose. Boire en compagnie de quelqu'un est encore différent. Shane pourrait prouver cette théorie de mille et une façon, mais un simple entretien sans joie de vivre et avec conneries avec Giovanni suffira surement à faire tout un dossier. « T’es donc désespéré à ce point. » Il hausse les épaules. Peut-être bien que ouais. Peut-être bien que non. « A vrai dire, j'ai juste à appeler un numéro et tu es remplacer, donc ... Non. » Il est désespéré, certes. Mais peut-être pas au niveau de son appétit sexuel. Sur ce dernier, il n'y a rien à dire. Le Hollister est devenu un bon à rien depuis qu'Ophélia a décidé de le mettre au poteau. Lui qui se pensait invulnérable, incassable, impénétrable ... Et bien, il s'était bêtement trompé. Il lui aura fallu d'une seule femme pour qu'en moins d'un an de temps, le Shane Hollister collectionneur de nana en tout genre devienne un Shane Hollister presque aussi sage qu'une image. Un mouton, voilà comment il se comparer. Il avait suivit le troupeau, presque malgré lui. « Je suis désolé, je vais peut-être te briser le cœur, mais j’accepte pas tes avances. » En effet, trop de tristesse. Shane porte sa main au coeur. « Briser pour toujours. » Et du coup, il allait faire plaisir à l'italien et finir de boire son horrible whisky pour pouvoir se servir une boisson qui a du gout. Et qui a coûte un mois de salaire pour un petit mexicain. Tout ceci lui permettra de tenir le temps nécessaire à ce que Giovanni crache son histoire spéciale dodo. C'est pas sa faute s'il n'apprécie pas toutes ces conneries. Il a essayé de tenir mais c'est plus fort que lui. Ses pensées s'en vont ailleurs et il finit par dire tout haut ce qu'il pense : il en a rien à foutre. « J’t’emmerde. » Et bah voilà. Le Hollister sourit et montre ses dents blanches. « Enfin un peu d'action. » Bon, d'accord. Il est fort probable qu'il pousse les gens trop loin. Mais est-ce qu'ils se rendent compte qu'ils font de même avec lui ? L'Esposito aurait pu avoir la décence d'esprit de l'amener dans un spa afin qu'une belle nana le masse ? Ainsi, il aurait pris le temps de l'écouter. Ou pas. Mais il se serait bien mieux amusé. « T’avais qu’à pas demander où était le problème. » Oh. C'est sa faute donc ? « T'avais qu'à inventer une histoire plus palpitante. » Allez. Un point partout. Le match reprends. Et cette fois-ci, c'est vers Arya qu'il se dirige. Bien évidemment qu'il se l'ai faite. Trois rounds. Ou quatre ? Il sait plus. Mais il se souvient tout de même de la chantilly. C'était le pied ! « T’es sale, Hollister. » Tout de suite. Le brun lève les yeux vers le plafond. « Tu m'étonnes que tu t'ennui au pieu. » Il faut toujours mettre du piment ! Comment tenir autrement ? Ça devient vite lassant et voilà où ça mène : boire un mauvais whisky. « Et pourquoi on me dit jamais rien, à moi ? » Bonne question. « J'sais pas. T'as peut-être pas la tête du gars à qui on veut parler de sexe. » Ce qui en soit, est fort compréhensible. « Puis t'es marié ! » Un homme marié ne s'intéresse de base qu'à sa femme, pas aux autres. Mais ... S'il comprends bien : Giovanni serait intéressé pour faire un tour de manège avec Arya. Intéressant tout cela. « Non merci. » Ah. Mauvaise pioche. « Dommage ! » Il rate quelque chose. « Elle a un bon coup de rein. » Mais il s'en fou, right ?« J’suis pas aussi sale que toi. » Pardon ? « En quoi je suis sale ? » Parce qu'il ne voit clairement pas le mal dans ce qu'il fait. « Si tu te protèges, y'a aucun soucis à avoir. Puis toutes les femmes sont consentantes. » En tout cas, il a pas souvenir d'avoir pris un râteau. Mais il en a eu. No panic ! « Mais donc, cette histoire de mariage. De la façon dont j’vois les choses, j’ai comme l’impression que tu l'as possiblement envisagé avec quelqu’un. » Uhm. Pourquoi tout le monde semble intrigué par tout ceci ? Et comment diable Giovanni a-t'il entendu parlé de tout cela ? Il allait définitivement rayer du monde son frère. « Arya, peut-être ? » Non. Il éclate de rire. Se voit même obligé de tenir ses côtés pour ne pas mourir de la sorte. « Sérieux ? » Arya et lui ? C'est la plus belle ! « J'ai une tête à me marier avec elle ? » Pourvu qu'il dise non. « Ah ... Crois-moi, c'est pas elle que je choisirais pour ça. Trop chiante et collante. » Et avec sa cousine Rachel, qui est accessoirement aussi la meilleure amie de la blonde, il finirait par se tirer une balle dans la tête tellement elles le feraient chier. « Et je vois pas pourquoi tu penses que je vais me marier. C'est bien la dernières des choses dont j'ai envie. » Après tout, il s'était juré de ne jamais faire cette bêtise. « Puis, entre nous, si c'est pour finir comme toi. Non merci ! J'ai déjà mes parents pour ça. » D'ailleurs, faudrait peut-être qu'il réponde à leurs messages vocaux. « Mais t'as pas répondu à ma question. Pourquoi tu divorces pas ? »

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Discuter avec Shane Hollister, se confier à lui, c’est compliqué. Il faudrait être fou pour tenter l’expérience ! À croire que Giovanni n’a véritablement peur de rien. Effronté comme il est, il essaye. Peut-être parce que contrairement à beaucoup de personnes, il sait que son associé n’est pas complètement privé de toutes sensations humaines. Il croit en lui, en ses capacités d’homme empathique. À tort ou à raison. Parfois, Shane est vraiment le dernier des abrutis. Surtout lorsqu’il se prend pour le nombril du monde. Seule sa petite personne mérite de recevoir son attention. Il aime se placer au-dessus des autres, montrer toute sa valeur, aussi bien sur le plan matériel qu’intellectuel. Ça le rend insupportable, au point de vouloir lui fracasser le crâne à l’aide d’une petite cuillère. Une mort lente et douloureuse, qui devrait procurer au tueur une satisfaction des plus exceptionnelles. Mais si Gio n’a pas encore accompli cet horrible acte, c’est que Shane ne doit pas être si terrible qu’il en a l’air. C’est son fraté, dans le fond. Peu importe son niveau de méchanceté gratuite ou d’ingratitude, il ne pourra jamais lui faire le moindre mal. Alors il se contente simplement d’insulter son associé très fort dans sa tête, et de tous les noms. Aussi bien en anglais qu’en italien. Il s’imagine aussi tout le mal qu’il pourrait lui faire, et tout le bien qu’il pourrait ressentir. Tout ça en observant le brun avec le genre de demi-sourire que l’on prêterait normalement à un psychopathe. Shane s’en fiche. L’histoire de son mariage légèrement chaotique ne lui fait ni chaud, ni froid. Tout ce qu’il peut ressentir n’a aucune espèce d’importance. Gemma ne mérite pas non plus la moindre considération. Il s’en fiche royalement, de toute cette histoire. Très bien. Il prend le temps d’intégrer l’information, avant de finalement changer de sujet.

Gio s’intéresse subitement aux histoires sexuelles qui animent le cabinet. Il sait qu’il y a des histoires sexuelles qui traînent. Il n’est pas fou, l’italien. Ce n’est pas parce qu’ils sont tous, à quelques exceptions près, avocats, qu’ils sont forcément sages comme des images. Deux hommes et deux femmes, dont un Shane Hollister, le dernier de son espèce. C’est un calcul qui indique clairement la présence de cochoncetés au sein de ce cabinet. Pour une sombre raison, Gio est simplement mis à part. Il apprend alors que Shane et Arya ont effectivement eu une petite aventure. Ou longue aventure, Gio ne saurait le dire. Et il est vexé, parce qu’apparemment, il n’a pas la tête du gars à qui on veut parler de sexe. « En quoi le fait que j’sois marié est une excuse pour ne pas que j’sois mis au courant ? T’sais, être marié, ça veut pas dire faire vœu d’abstinence. » Shane, parfois, il faut prendre le temps de lui expliquer la vie d’adulte. « Je te l’accorde, ma vie sexuelle est pas hyper palpitante. MAIS ! Elle est très satisfaisante. » Voilà qu’il fait la danse des sourcils en se dandinant sur sa chaise. Comme si gesticuler pouvait le rendre plus convaincant. Shane suppose que Gio voudrait coucher avec Arya, et il a juste envie de se taper le front du plat de la main. Non, il n’a pas envie de coucher avec Arya. Il s’agit d’une femme qu’il respecte beaucoup, et accessoirement, il respecte également sa femme, qu’il aime sincèrement quoi qu’il puisse en dire. Être malheureux n’est pas une raison valable pour tromper Gemma. « Tu me demandes en quoi t’es sale ? » Il penche légèrement la tête sur le côté, signe d’un bitch please légendaire. « Tu penses toujours qu’à mettre ton pénis dans un trou. Me dis pas que c’est pas vrai, on sait tous les deux que le sexe est vital pour toi. Ce qui fait de toi une personne sale. » Voilà, c’est dit. Il boit une gorgée de whisky avant de poursuivre. « Ça t’arrive de penser aux femmes avec qui tu couches ? Même si elles sont consentantes, ça te ferait pas de mal de les respecter une fois de temps en temps. » Il va l’agacer, il le sent. Pourtant, c’est à son tour de n’en avoir rien à faire.

La discussion dévie mystérieusement sur la question du mariage. Mariage qui, apparemment, ne se produira jamais entre Shane et Arya. « Oui, t’as une tête à te marier avec elle. Je trouve que vous seriez très mignons ensemble. » Employer le mot « mignon » est un excellent moyen de déclencher une crise d’urticaire chez Shane. D’où le sourire amusé de Gio. « J’me demande s’il y a une femme sur terre qui n’est pas trop chiante ou trop collante à tes yeux. » Il y en a peut-être une. Mais jusqu’à preuve du contraire, elles le sont toutes, pour lui. Cet homme est vraiment incroyable. La pire des enflures. « Oh ok. Donc t’as juste envie de finir ta vie seul. Ça se respecte. » Il dit ça sur un ton léger, sans pour autant y croire. Il lève les yeux au ciel lorsque Shane l’attaque sur son propre mariage, passablement agacé. Il prend la décision de ne pas répondre, au risque de dire des vilaines choses. Il se renferme pourtant un peu, et ça se voit rien qu’à sa posture. « Parce que c’est pas aussi simple ? » Répondre à une question par une question, un concept que Gio adore. « Nous on est là, derrière nos bureaux, on voit les couples divorcés arriver et ça nous paraît relativement simple – quand bien même certaines histoires soient compliquées à gérer. Mais aller vers ta femme et lui dire que t’es plus heureux avec elle, que t’en peux plus de cette vie… C’est pas simple. » Il relève le regard vers Shane. « Toi, tu t’en fous. T’es probablement habitué à jeter les femmes du revers de la main. J’sais pas comment tu fais pour ignorer ce qu’elles peuvent ressentir. Moi, j’sais que je suis pas capable de voir la moindre pointe de tristesse dans le regard de Gemma. Surtout si c’est de ma faute. » A nouveau, il termine son verre d’un trait et le repose sur le bureau. « Mais tu t’en fiches. Arrête de me poser des questions. » Ce n’est pas tous les jours que Gio s’autorise à parler de ce qu’il a vraiment sur le cœur. Même Cass n’a jamais eu le privilège d’entendre ce qu’il raconte ce soir. Alors si c’est pour l’entendre dire que son histoire est ennuyante, autant ne pas parler du tout. « J’préfère quand tu m’parles de tes trucs de cul, en fait. » C’est bien plus facile.

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« En quoi le fait que j’sois marié est une excuse pour ne pas que j’sois mis au courant ? T’sais, être marié, ça veut pas dire faire vœu d’abstinence. » Eh. Il a pas dit qu'il était de cet avis. Mais il l'est, c'est certain. Le Hollister penche lentement la tête sur le côté, comme si, de cette façon, il pouvait observait d'un autre angle son ami italien. « Et bien ... » que commence le brun avant de souffler et de regarder le liquide de couleur ambre que contient son verre. Comment peut-il formuler sa pensée ? « C'est bien connu qu'une personne mariée n'accorde plus trop d'importance au sexe. » Fini la période chaud lapin. L'homme doit se contenter d'une seule et même personne et puis basta. C'est loin d'être le trip du brun. Bien qu'il doit avouer avoir trouver une jeune femme qui arrive à le contenter suffisamment pour qu'il ne pense qu'a elle. « Je te l’accorde, ma vie sexuelle est pas hyper palpitante. MAIS ! Elle est très satisfaisante. » Mouais. Shane se pince les lèvres entre elles. « Les gens recherchent du palpitant, pas du satisfaisant. » Puis, avouons le, Gio ne semble pas adorer ce genre de conversation. « Puis, si c'est pour t'entendre dire que tu es sale ... Ça le fait pas trop. » Non, Shane n'accepte toujours pas cet horreur qu'il lui a dit. Il est propre. Il ne fait rien que sa ou ses partenaires ne veulent faire. « Tu devrais accepter le fait que tu es passé du côté obscure, Esposito. Tu n'as plus le droit de te languir devant d'autres demoiselles et rêver de leurs ébats. Ou même de leur faire quelque chose. » Heureusement, il existe une solution. Celle de divorcer. Ça aurait été juste plus simple pour tout le monde que l'italien soit resté solitaire. « Tu me demandes en quoi t’es sale ? » L'avocat roule des yeux. « Je sais déjà ce qui t'ecoeure, ne t'en fais pas. » Franchement, il va falloir qu'il se décoince un peu. Arya n'est que sa secretaire. Il aurait compris qu'il lui dise une chose pareille si par exemple, il aurait couché avec la Procureure exprès pour gagner un dossier. « Tu penses toujours qu’à mettre ton pénis dans un trou. Me dis pas que c’est pas vrai, on sait tous les deux que le sexe est vital pour toi. Ce qui fait de toi une personne sale. » Il a de la chance d'avoir tout sorti d'une traîte. Shane ne l'aurait pas laissé finir autrement. « Sois pas jaloux, mon chou. » Tout le monde ne peut pas avoir un tableau de chasse aussi grand et populaire que le sien. C'est l'avantage d'être séduisant et riche. Il faut bien qu'il en profites pour les autres ! Ses chevilles vont bien, merci. « Ça t’arrive de penser aux femmes avec qui tu couches ? Même si elles sont consentantes, ça te ferait pas de mal de les respecter une fois de temps en temps. » D'accord. On arréte là tout de suite. « Je les respecte. » C'est elle qui ne le respecte pas, à vrai dire. « Je ne cache jamais mes intentions. Si elles ouvrent les cuisses alors elles savent à quoi s'en tenir. » Le Hollister la baise et la jette ensuite à la poubelle. Ainsi va la vie. « C'est bien un avis d'homme marié ça ! » C'est pas sa faute s'il a pas pu en profiter de la façon dont il le voulait.

« Oui, t’as une tête à te marier avec elle. Je trouve que vous seriez très mignons ensemble. » Urgh. Un frisson lui parcourt l'échine. « Mignon. Tu as bien dit mignon ? » Bon dieu. Giovanni s'est pris un coup sur la tête ? Ce terme est totalement inapproprié. « J'ai pas de tête à me marier tout court. » Devenir comme l'Esposito ? Hors de question. Il est très bien, seul, dans son immense villa. Il le vit bien. Pourquoi changerait-il tout ceci pour une femme ? « J’me demande s’il y a une femme sur terre qui n’est pas trop chiante ou trop collante à tes yeux. » Shane hausse les épaules et retient ce petit sourire rêveur de se former sur ses lèvres. « Pour être dans la même merde que toi ? Je préfére passer mon tour. » Et il a bien raison de le faire. « Oh ok. Donc t’as juste envie de finir ta vie seul. Ça se respecte. » Voila. C'est ça. « Jusqu'a preuve du contraire, je ne m'en suis jamais plains. Puis, je suis jamais vraiment seul ... » qu'il siffle. Un sous-entendu caché. Lui, il a une nouvelle nana chaque soir, Gio n'a que sa femme. Et encore ! Quand ça se passe bien. « Parce que c’est pas aussi simple ? » Aussi simple ? « Nous on est là, derrière nos bureaux, on voit les couples divorcés arriver et ça nous paraît relativement simple – quand bien même certaines histoires soient compliquées à gérer. Mais aller vers ta femme et lui dire que t’es plus heureux avec elle, que t’en peux plus de cette vie… C’est pas simple. » Il voit pas pourquoi. « Si elle pense pareil que toi. C'est sûr que c'est pas simple. » Aucun des deux va faire le premier pas et ils seront malheureux jusqu'a la mort d'un des deux. « Toi, tu t’en fous. T’es probablement habitué à jeter les femmes du revers de la main. J’sais pas comment tu fais pour ignorer ce qu’elles peuvent ressentir. Moi, j’sais que je suis pas capable de voir la moindre pointe de tristesse dans le regard de Gemma. Surtout si c’est de ma faute. » Ohlala. Trop de sentiments. Il va vomir. « T'es un plouc. » Jugement final. Dossier clôturé. « Je le fais pour toi si tu veux. Et, au pire, tu la regardes pas dans les yeux et probleme résolu. » Tadam. Le Hollister est trop gentil ce soir. « Mais tu t’en fiches. Arrête de me poser des questions. » Shane sourit. « T'as raison. J'en ai rien à foutre. » Mais un peu quand même. Il est sans coeur, certes, mais il peut parfois avoir de la compassion. « J’préfère quand tu m’parles de tes trucs de cul, en fait. » C'est suffisant pour le faire rire. « T'es en manque, rital. » Plus qu'en manque. Il semble subjugué par tout ce qui est sexuel. « Trouves-toi une maîtresse ! » Le Hollister est finalement de bon conseil. « Et profites en pour vider tes deux balles de ping-pong. » Tout le monde sera plus heureux. « Enfile ta veste, je t'emmène au bar pour te montrer comment on fait pour en choper une de nos jours. » Et pour boire quelque chose de meilleur, aussi. « T'es sûr que tu veux pas te faire Arya ? Elle a des petits seins, mais sinon, le reste est passable. » [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

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Shane est un homme sale. Le diagnostic de Gio est sans appel, il ne laisse aucune place à la discussion. Selon lui, son associé ne jure que par le sexe, il ne vit quasiment que pour ça. Un jugement peut-être un peu hâtif, et surtout très sévère. Il part du principe que Shane n’éprouve pas le moindre respect pour les femmes, sans pour autant en avoir le cœur net. Et Shane n’hésite pas à se défendre. Apparemment, le brun met un point d’honneur à rester honnête. Il ne les manipule pas, ne leur dit pas ce qu’elles veulent entendre pour les attirer dans son lit. Ou contre un mur. Où peu importe l’endroit. Vu sous cet angle, Gio veut bien revoir son jugement. « Ok. » Lâche-t-il après quelques secondes de réflexion. « Un point pour le mammouth. » Par respect pour la narratrice, nous tairons la provenance de cette très célèbre citation. « Tu veux bien arrêter de tout ramener à mon mariage, s’il te plait ? C’est pénible. » Même s’il emploie un ton relativement léger, ça ne veut pas dire qu’il n’est pas affecté par les remarques incessantes de son associé. Gio va véritablement finir par se sentir offensé, s’il continue. Surtout que ses propos n’ont absolument aucun lien avec sa condition d’homme marié. Ce sont simplement les valeurs que son père lui a transmises. Depuis le jour où Gio a commencé à s’intéresser aux femmes, il ne cesse de lui rappeler combien le respect est important. Ne pas utiliser la gente féminine pour satisfaire ses besoins d’homme, par exemple, était l’une des premières règles qu’il lui a apprises. Qu’il soit marié ou non, ça ne change absolument rien à ce qu’il pense. Et puis, de toute façon, Gio n’a jamais été un coureur de jupons. Il ne le sera probablement jamais.

Puisqu’ils parlent de mariage, Gio contre-attaque en imaginant Shane et Arya ensemble. Il va même jusqu’à les qualifier de potentiellement mignons, juste pour agacer le brun. « Adorable, même ! » Il aime bien en faire des tonnes. Shane prétend ne pas avoir une tête à se marier, ce qui pousse Gio à lever très fort les yeux au ciel. Il est certain qu’avec une telle attitude, Shane ne se mariera probablement jamais. Finalement, Gio comprend que cette discussion ne mènera à rien. Non pas qu’il veuille tenter de convaincre Shane de quoi que ce soit. Il en vient à se demander comment le débat à démarrer, et s’il vaut la peine d’être poursuivi. Les deux avocats ont chacun une vision bien différente du mariage, et quelle que soit celle de Shane, il la respecte. Il comprend parfaitement que ça puisse ne pas l’attirer. Vu sa situation actuelle, il est en tout état de cause assez mal placé pour vendre les avantages du mariage. La preuve en est que le divorce, il y a pensé. « Non, Gemma est heureuse. Si elle avait voulu divorcer à un moment où un autre, ça fait longtemps qu’elle me l’aurait dit. » Parce que contrairement à lui, elle n’a pas peur de s’affirmer. Le contexte familial est aussi bien différent. Si les Esposito voient le divorce comme le plus malheureux des échecs, ce n’est pas le cas des parents de Gemma. Outre l’opinion externe, il n’a pas spécialement envie de rendre Gemma malheureuse en lui annonçant qu’il la quitte. Ça fait plus de quatorze qu’ils partagent tout. Bien que l’amour ne soit plus très présent, il tient beaucoup trop à elle pour lui déchirer le cœur. Il rigole un peu lorsque Shane l’insulte de plouc. Ça le fait rire. « Jamais de la vie j’te laisserai parler à Gemma. » Ce n’est pas contre lui, mais bon… En toute honnêteté, Shane n’est pas vraiment le maître du tact.

Parler de Gemma ne lui procure aucun bien. Dans tous les cas, Shane s’en fiche. Gio ne lui en veut même pas. Il connaît cet homme, il n’a jamais été très porté sur les affaires sentimentales. Gio peut aussi comprendre que ses histoires de couple l’ennuient. « J’veux bien admettre être en manque. » Avoue-t-il avant de terminer son verre d’un trait. « Par contre, tu me feras jamais changer d’avis pour cette histoire de maîtresse. » Il refuse même d’y penser. Il ne supporterait vraiment pas l’idée de toucher à une autre femme que Gemma. Tant pis s’il passe pour le ringard de services : Gio a toujours été droit dans ses bottes et ce n’est sûrement pas aujourd’hui que les choses vont changer. « Oui, je suis sûr de pas vouloir me faire Arya. » Dit-il en riant. « T’es pas croyable, Hollister. » Juste pour emmerder son monde, ce n’est pas impossible que Gio fasse remonter l’information jusqu’à Arya. L’italien se lève du fauteuil et enfile sa veste, comme demandé. Mais sûrement pas pour aller jouer les serial lovers dans un bar quelconque de Cap Harbor. « J’suis désolé, mais je préfère te laisser choper tranquillement sans être obligé d’assister au spectacle. » Machinalement, il récupère son portable dans l’une des poches de sa veste, vérifiant l’heure. L’envie de rentrer chez lui est absente, il n’ira pas prétendre le contraire. Pour autant, il sait qu’en allant se réfugier dans un bar, il aggravera son cas. Alors il va gentiment rentrer chez lui et retrouver sa femme pour tenter de résoudre la situation. « On se voit demain mon lapin. Passe une bonne fin de soirée ! » Qu’il fait en lui adressant un clin d’œil. Shane ne manque pas de montrer tout ce qu’il pense de Gio en un seul regard. Peut-être qu’un jour, il prendra en compte les conseils du jeune. Peut-être. Pour le moment, c’est encore un peu délicat.