Nicholas était très doué pour les mauvaises décisions et parfois il se demandait un peu s’il était un génie ou s’il était carrément le roi des crétins. Cette question, il se la posait maintenant en boucle depuis qu’il avait proposé à Wendy, totalement alcoolisé, de l’épouser. On aurait pu croire qu’avec toute cette quantité d’alcool ingurgitée, ils auraient oublié leur pacte débile, mais apparemment, l’esprit pouvait nous jouer des tours. Et visiblement, son esprit à lui avait décidé qu’il devait se souvenir de ça, très précisément. Ils en avaient reparlé tous les deux et ils semblaient aussi mal à l’aise l’un que l’autre à cause de cette histoire. Wendy lui avait même dit qu’il pouvait totalement retiré sa proposition s’il le voulait. Mais le jeune homme avait tout bonnement refusé. Parce qu’il était loyal d’une part et que ce n’était pas dans ses habitudes de ne pas honorer une promesse. D’autre part, il continuait à penser que c’était la meilleure solution possible. Et puis, franchement, ce n’était pas comme s’il risquait de faire un mariage d’amour bientôt. Les chances pour qu’il trouve une femme qu’il aimait vraiment et qu’il désire épouser dans les prochains temps. Alors s’il pouvait utiliser la noble institution du mariage pour éviter à sa meilleure amie de se retrouver expulsée du territoire, il se disait que ce n’était pas une si mauvaise idée. Bien entendu, de nombreux membres de sa famille n’allaient pas comprendre, à commencer par son père. D’accord, il s’était marié deux fois et cela contrastait avec ses convictions catholiques, mais c’était deux mariages d’amour qu’il avait vécu. Jamais il ne pourrait supporter l’idée que l’un de ses fils ne se marie avec une femme juste pour lui permettre de rester dans le pays. Mais en même temps, il ne tolérerait sans doute pas non plus que son fils couche avec la fiancée de son frère jumeau, alors il n’était plus à une bêtise prêt.

Comme souvent, Wendy était chez lui. A vrai dire, la veille, ils avaient un peu trop bu, comme bien souvent et Nick avait été trop fatigué pour la raccompagner chez elle, donc il lui avait proposé de dormir dans la chambre d’amis. De toute façon, cette femme faisait comme chez elle, ici. Au petit matin, malgré son état de fatigue avancé, il était parti travailler et il était revenu peu avant l’heure du déjeuner, sa magnifique chemise blanche couverte d’une affreuse tâche de café, provoquée par la nouvelle femme de chambre qui était aussi mignonne qu’elle n’était maladroite. Wendy était rentré avec lui et elle avait commencé à préparer à manger, pendant qu’il était parti sous la douche. Le temps de se laver vite fait et voilà qu’il entendait déjà la sonnette de l’entrée retenir à de nombreuses reprises. Qu’est-ce que … ? Il n’attendait personne. Non seulement il n’attendait personne, mais en plus, il avait l’impression que la personne à l’extérieur était littéralement en train de défoncer sa sonnette. L’idée lui traversa vaguement l’esprit que peut-être, son frère avait apprit et qu’il avait décidé de lui péter la gueule. Mais il se contenta d’enfiler un caleçon et un pantalon propre et sortit dans le couloir juste à temps pour entendre l’agressivité monter entre les deux femmes. Wendy se sentait visiblement suffisamment chez elle pour ouvrir la porte à sa place et Calie n’avait pas l’intention de se laisser éconduire et lui demander de retenir son chien de garde. Nick ne put s’empêcher de se dire, l’espace d’un instant, qu’il aurait pu les laisser se battre en bikini avec de la boue. « Wendy, c’est bon, je gère », fit-il à l’attention de l’une des deux brunes en arrivant à leur niveau. La jeune femme le dévisagea, leva les yeux au ciel, exaspérée. « Tu gères rien du tout ouais », fit-elle, se reculant cependant pour le laisser atteindre la porte.

En voyant Calie, toute fraîche, toute pimpante, toute bien maquillée, il ne put s’empêcher de sourire. Son regard détaillé sa silhouette, suffisamment longtemps en tout cas pour oublier qu’elle était en colère. Il s’efforça de retrouver son sérieux, peu désireux de se prendre une baffe avant de devoir retourner au travail. « Bonjour à toi rayon de soleil », fit-il, un brin moqueur. Peut-être que la provoquer n’était pas la chose la plus intelligente qu’il puisse faire, là, tout de suite. Mais franchement, il la trouvait adorable avec ses sourcils froncés. D’ailleurs, s’ils avaient été tous les deux seuls et pas sur le pas de sa porte, il en aurait sans doute profité pour l’embrasser. « Que me vaux l’honneur de ta visite ? », demanda-t-il, parce qu’au passage, il ne s’attendait pas à ce qu’elle ne débarque chez lui comme ça. Enfin, ce n’était pas la première fois. Mais comme ils n’avaient pas encore clairement défini ce qu’il y avait entre eux, il était un peu perturbé. C’est un homme, il ne lui en faut pas beaucoup. « Je te prie d’excuser ce moment un peu … gênant », fit-il en se tournant vers Wendy pour la foudroyer du regard, alors qu’elle restait légèrement à l’écart pour les foudroyer du regard. « Mais entre je t’en prie. Je te présente Wendy. Une collègue de travaille et une très très bonne amie », expliqua-t-il en désignant la brune slash chien de garde qui continuait à les regarder d’un air mauvais. Contre toute attente, Wendy se redressa de toute sa taille et leur adressa un grand sourire. « Et sa fiancée », corrigea-t-elle. Ah. Alors celle là, franchement, il ne l’avait pas vu venir. Et ça se voyait à sa tête.  

Bon. Cette histoire ne tournait pas du tout comme il l’avait espéré. Nicholas sentait bien que la situation lui échappait et de manière un peu trop rapide à son goût. S’il avait voulu annoncer tranquillement la nouvelle à sa famille, de façon douce, voilà que Calie débarquait chez lui et qu’elle apprenait la nouvelle, d’une autre bouche que la sienne. Nicholas se sentait pris au piège. Mais il avait parfaitement conscience que c’était de sa faute. Enfin de sa faute … Tout était relatif quand même, parce qu’aux dernières nouvelles, il y avait bien une personne fiancée dans cette pièce et ce n’était pas lui. Enfin si. Enfin bon. Cette histoire devenait un peu trop compliquée si vous voulez mon avis. Face à l’annonce de la nouvelle de Wendy, Nicholas soupira. « Alors franchement ça, c’était pas sympa », râla-t-il. Maintenant, il n’avait aucune idée de la façon dont il allait arranger les choses, ni même comment il allait les expliquer à Calie. Une chose était certaine en revanche, ça allait mal finir. Mais ça ne semblait pas gêner Wendy le moins du monde. « Il fallait bien que quelqu’un lui dise et tu n’allais clairement pas le faire », fit-elle en haussant les sourcils. Elle n’avait pas tort. Et il ne pouvait même pas lui en vouloir. La seule raison pour laquelle elle avait fait ça, c’est parce qu’elle était persuadée que Calie allait finir par le faire souffrir et qu’elle souhaitait le protéger. N’empêche qu’elle avait transformé Calie en une véritable tornade et que ça ne présageait franchement pas grand-chose de bon. Mains levées en signe de reddition. Il ne voulait pas se battre avec elle. « Calme toi, on va parler. Tu ne veux pas plutôt t’asseoir ? », demanda-t-il. Il n’aimait pas franchement l’idée d’avoir cette discussion planté au milieu de son couloir.

Mais apparemment non, elle ne voulait pas s’installer. Génial, voilà qui ne l’arrangeait pas vraiment. Déjà, parce qu’il aurait aimé pouvoir mettre les deux femmes chacune dans un coin pour être certain qu’elles n’allaient pas s’entre-tuer. Calie n’était pas contente et elle le faisait savoir, le volume sonore grimpant dans l’appartement qu’il occupait. « Écoute, c’est pas une blague, mais je ne me moque pas de toi. J’allais t’en parler. C’est très récent. Et d’ailleurs ce n’est absolument pas ce que tu crois », tenta-t-il d’expliquer. Mais il avait conscience que les explications étaient inutiles. La bombe avait déjà été lâchée. Nick se chargerait d’engueuler Wendy plus tard. Pour l’instant, il essayait juste de désamorcer une bombe sur le point d’exploser. Mais s’il y avait bien une personne qui ne semblait pas avoir peur de mourir, c’était Wendy. Elle se jouait même de la situation, attrapant son bras. Nick se détacha d’elle, lui lançant un regard destiné à la réprimander. Mais elle se contenta de lui faire un clin d’œil. Clairement, il aurait une discussion avec elle plus tard. Pour l’instant, il se contentait de dévisager Calie, qu’il n’avait jamais vu aussi rouge de colère. « Si tu veux bien te calmer, on va parler », fit-il. Et il allait lui expliquer. Il ne savait pas encore comment il allait lui expliquer, mais il allait le faire. De toute façon, sa vie toute entière était un bordel sans nom. Alors il n’était plus à une chose prête à éclaircir. Sauf que Calie en avait visiblement décidé autrement. Si elle partait, c’était mort. Elle allait le répéter à Warren et toute sa famille allait le savoir. Et ça, Nick ne le voulait pas. « Calie, ne pars pas s’il te plaît », protesta-t-il en lui attrapant le bras. Bordel, mais elle était têtue cette gonzesse aussi. Pourquoi Nick se mettait-il toujours dans de telles situation ? Sans doute parce qu’il choisissait toujours des femmes de caractère. Ou parce qu’il choisissait des situations merdiques, au choix.

La tension dans la pièce était à son comble. Nick ne savait plus ou se mettre. Et visiblement même Wendy avait compris qu’elle était de trop. « Ok ça va j’ai compris je vais faire un tour », râla-t-elle en levant les yeux au ciel. Puisqu’elle avait toujours ses chaussures, elle se contenta juste de passer devant Calie et de lui jeter un regard de travers avant de disparaître par la porte d’entrée. Nick se décida donc à relâcher le bras de Calie et ramassa ses sachets de McDonald. « C’est gentil de passer pour le déjeuner. Ne te sauve pas s’il te plaît, laisse moi t’expliquer », fit-il à son attention. Il avait un peu l’impression de parler à un enfant qu’il essayait d’apaiser. En tout cas, c’est comme ça qu’il parlait à ses petites sœurs quand elles étaient plus jeunes. « Écoute, je t’assure que je ne t’ai pas mentis. Les circonstances sont particulières et compliquées et deux minutes ne sont pas suffisantes pour pouvoir te les expliquer mais je ne t’ai pas mentis. Wendy est vraiment une collègue de travail et une bonne amie », ajouta-t-il. Ses sourcils se froncèrent. Maintenant que la deuxième tornade brune avait disparu, il prenait conscience de la scène qui se déroulait dans son entrée. C’était un peu surréaliste. Et pour le coup, ça l’agaçait. « Bien que je ne vois pas en quoi cette situation puisse être un problème pour toi, je suis tout disposé à t’expliquer », poursuivit-il. C’était une petite pique au passage, pour lui rappeler qu’aux dernières nouvelles, ce n’était pas lui qui était fiancé. Mais bien elle. Elle allait peut-être lui en coller une, mais il estimait qu’elle était un peu mal avisée de l’engueuler comme ça. « Allez s’il te plaît, viens dans la cuisine, on pourra manger et je pourrais t’expliquer », acheva-t-il. Si elle disait non maintenant, il ne saurait plus quoi faire pour la convaincre, puisque c’était une tête de mule.  

Nick devait bien avouer qu’il se sentait con, avec toute cette histoire. Il fallait bien l’avouer, il s’était mis dans une situation pour le moins compliquée. Pas seulement avec Calie, même si le fait de coucher avec la fiancé de son frère jumeau n’était pas le meilleur plan qui soit. Maintenant, il avait mêlé Wendy à cette histoire compliquée. La jeune femme n’y était pour rien dans toute cette histoire et ne méritait pas la colère de Calie, même si elle semblait prendre un plaisir certain à entretenir la flamme qui brûlait chez la brune. Comme d’habitude, il agissait sans réfléchir et sans penser aux conséquences. Sauf que cette fois, c’était bien pire. A croire que Nick ne savait réfléchir qu’avec ce qu’il avait entre les jambes. Avec son coeur, un peu aussi. Parce que dans le fond, il avait des sentiments pour la belle brune. Mais il s’était toujours refusé à les avouer parce qu’elle était la copine de Warren. Maintenant tout était compliqué, sur le point de se compliquer encore d’avantage et il ne voyait pas bien ce qu’il pouvait faire pour empêcher la bombe de lui exploser au visage. D’autant plus que Calie ne voulait pas l’écouter. Il pouvait le comprendre d’ailleurs, à sa place, il n’aurait pas voulu écouter non plus. Mais il avait besoin qu’elle comprenne, il ne voulait pas qu’un mal entendu ne les sépare, ni qu’elle ne rentre à la seconde tout raconter à Warren. « Je ne me moque pas de toi bon sang, est-ce que ça te tuerait de m’écouter cinq minutes ? », brailla-t-il, perdant patience. Elle agissait sous le coup de l’émotion. Est-ce qu’il pouvait lui en vouloir pour cela ? Pas vraiment. Mais d’un autre côté, ça l’aurait arrangé qu’elle cesse de s’entêter. Ils gagneraient du temps et pourraient éclaircir les zones d’ombres dans ce tableau.

Il ne pouvait la laisser sortir de cette maison. Il avait l’impression que si elle claquait la porte, sa propre vie allait claquer avec. Et il ne pouvait pas se le permettre. Mais la jeune femme semblait énervée et à contrecœur, il finit par la lâcher, maintenant que Wendy avait décidé de quitter l’appartement. Il voyait bien le regard assassin de la brune et il voyait aussi que ses explications n’étaient pas suffisantes. Mais puisqu’elle acceptait de rester, peut-être auraient-ils l’occasion d’en rediscuter plus calmement. C’était en tout cas ce qu’il espérait en l’accompagnant dans la cuisine, prenant soin de ne pas s’énerver après cette bousculade puérile. « Je ne t’ai pas mentis je n’ai juste pas encore eu l’occasion de t’en parler », corrigea-t-il. Parce que oui, quand est-ce qu’il aurait dû lui dire cela ? Sur l’oreiller ? Il se voyait bien, après une nouvelle partie de jambes en l’air lui annoncer l’air de rien que, coucou, il s’était fiancé, au fait. Elle lui en aurait sans doute collé une. « Je n’en sais rien Calie, à toi de me le dire. Si je me souviens bien, nous n’avons pas franchement prit le temps de discuter de ce que c’était, cette relation. Alors je ne peux pas savoir si ça te laisse indifférente. Enfin, visiblement non, vu la crise d’hystérie que tu viens de nous faire », s’emporta-t-il à son tour. Oui, s’énerver n’était sans doute pas la meilleure chose à faire, vu les circonstances. Mais il n’avait pas non plus l’intention de servir de punchin ball à une femme qui était visiblement trop têtue pour écouter et pour chercher à comprendre. Ce n’était pas dans ses plans dans l’immédiat. On ne pouvait pas dire qu’il avait une grande fierté, mais quand même, il en avait un peu plus que cela.

Mais Nick était toujours désarmé face à Calie. Qu’elle soit heureuse, en colère, peu importait, il était toujours désarmé face à cette femme. Encore plus à cet instant, alors qu’il voyait très clairement dans son regard qu’il l’avait blessé. C’était bien la dernière des choses qu’il voulait. Et l’inquiétude qu’il entendait dans sa voix, qu’il voyait dans son regard, le mettaient mal à l’aise. « Calie arrête tu veux. Tu n’as pas à te culpabiliser pour ça. Tu n’es pas la seule responsable de ce merdier », répondit-il en secouant la tête. Elle n’avait certainement pas à endosser la responsabilité de tout ce qui était arrivé. Loin de là. De quoi était-elle coupable de plus que lui ? De rien. Ils étaient tous les deux responsables. « Calme-toi, tu veux », fit-il en posant sa main sur son bras. Elle se posait beaucoup trop de questions. Et à force, elle allait finir par le faire stresser lui aussi, alors qu’il était plutôt réputé pour être une force tranquille. Mais il l’écouta, il écouta ses inquiétudes, jusqu’aux dernières. Ce n’est que lorsqu’elle eut fini de parler que Nick reprit la parole. « Tu n’es pas la salope de service et je ne laisserais personne dire une chose pareille », répondit-il d’une voix calme et posée, qui se voulait rassurante. Oh, il pouvait comprendre ses craintes. Qui n’aurait pas les mêmes après tout. Mais le jeune homme ne laisserait personne dire qu’elle était responsable. Il avait fait des erreurs lui aussi. Aucun frère digne de ce nom n’aurait couché avec la copine de son jumeau et pourtant … « Je sais pas comment tout ça est arrivé, mais on a fait un choix. Tous les deux. Je ne suis clairement pas le frère de l’année et je sais que ce qu’on fait, c’est mal, vis à vis de Warren. Et pourtant, je ne regrette pas », ajouta-t-il. Il se sentait coupable, ça oui. Mais il n’était pas empli de regrets. Pourquoi le serait-il ? Ça voudrait dire que ce qu’il vivait avec Calie était mal. Or, il ne le ressentait pas de la sorte. « Calie, la dernière personne dont tu doive te soucier, c’est de Wendy. Elle est au courant. On ne peut pas dire qu’elle approuve et si elle s’est comporté de la sorte, c’est parce qu’elle a peur que tu finisse par me faire du mal. A sa façon tordue, elle essaye seulement de me protéger », expliqua-t-il en caressant doucement ses cheveux. Il essayait de répondre à ses inquiétudes, une par une. Mais il savait qu’il devait commencer par le plus important. « Wendy est française. Son visa est arrivé à expiration. Malheureusement, en faisant sa demande de renouvellement, elle a fait une erreur dans le formulaire et elle sera bientôt expulsée. C’est pour ça que j’ai proposé de l’épouser. Rien à voir avec un mariage d’amour », fit-il. Maintenant, les explications étaient sur la table. Mais ça ne changeait toujours rien au fait qu’ils n’avaient aucune idée de ce que leur relation était supposée dire.  

Nick est plutôt agacé par tout ce qu’il se passe dans son appartement. Depuis des mois, des années, il n’en pinçait que pour Calie. Le jeune homme n’avait jamais rien dit. Parce qu’il y avait son frère dans le lot, son jumeau et qu’il ne voulait pas le blesser. Mais lui aussi avait eu des sentiments pour la brune. Mais comme toujours, c’était Warren qu’on avait choisi. Parce qu’il était le gars sympa, le mec drôle, le type sérieux sur qui on pouvait compter. Alors que lui, on pensait toujours qu’il n’était qu’un abruti, un coureur de jupons qui n’avait rien dans le crâne. Peut-être que pendant un temps, ça avait été le cas, mais Nick n’était plus comme ça. Il voulait s’engager, mais il ne trouvait pas la femme avec qui le faire. Et ça ne risquait pas d’arriver, puisque depuis des mois il couchait avec la copine et future femme de son frère. Comme si ce n’était pas déjà suffisamment compliqué comme cela, il venait d’empirer les choses. Nicholas en avait parfaitement conscience. Mais il ne voyait pas comment expliquer les choses convenablement, si on ne le laissait pas parler. Et Calie avait visiblement décidé de tout faire pour ne pas l’écouter. Et oui, il commençait à perdre patience. « Frappe moi si ça peut te faire du bien, mais oui, tu es complètement hystérique », rétorqua-t-il en fronçant les sourcils. Oui, il avait parfaitement conscience que de traiter quelqu’un d’hystérique, ça avait généralement tendance à rendre la dite personne hystérique. Mais tant pis, elle pouvait lui en vouloir si elle le voulait. « C’est pas avec des menaces et des cris qu’on va avancer », ajouta-t-il. Surtout que cette conversation l’épuisait déjà. Nick aspirait à la tranquillité. Oui, dans ses actes, on pouvait penser le contraire. Ça c’était simplement parce qu’il manquait encore bien trop souvent de maturité.

Ces dernières semaines, Nick avait beaucoup pensé à ce qui allait se passer, quand son jumeau apprendrait la vérité. Certes, il avait parfaitement conscience qu’il lui en voudrait. Mais il se rendait aussi compte qu’il risquait de faire du mal à toute sa famille. Oui, cela le faisait culpabiliser. Visiblement il n’était pas le seul. Pourtant, il n’arrivait pas à se dire que ce qu’il faisait était mal. Il avait besoin de passer du temps avec Calie. Il se sentait bien à ses côtés, bien qu’il soit absolument incapable de le lui avouer. Alors Nick essayait d’apaiser ses craintes et sa culpabilité, tout en sachant pertinemment qu’il se sentait aussi mal qu’elle, peut-être plus encore. Et puis, il y avait Wendy. Ils devaient en parler. Nick pensait qu’en lui avouant la vérité, il se sentirait mieux, mais ce n’était pas le cas. Face à la réaction de la brune, il se contenta d’un soupir. Il s’attendait à ce genre de réaction. C’était une réaction parfaitement logique et tout à fait censée. « J’en sais rien Calie », fit-il en haussant les épaules. « J’aimerais te dire que je suis un chevalier servant, prêt à défendre la veuve et l’orphelin. Ou même te dire que je sais ce que je fais. Mais on a eu cette idée après une soirée très alcoolisée et sur le coup, ça paraissait parfaitement sensé », expliqua-t-il. Alors que s’il était tout à fait honnête, il n’était plus certain de rien. Il savait juste qu’il adorait cette nana et que l’idée qu’elle doive rentrer en France à cause d’une erreur administrative l’agaçait. Elle le comprenait. Elle était toujours là pour lui. S’adossant au comptoir, il croisa les bras et la dévisagea, le visage soudain fermé. « Tu crois que je ne le sais pas ? », s’énerva-t-il. Elle venait de toucher une corde sensible. « Je sais bien qu’on n’épouse pas quelqu’un pour un visa, qu’on est supposé épouser quelqu’un par amour. Seulement tu vois, les candidates ne se bousculent pas à ma porte », siffla-t-il entre ses dents. Oui, définitivement, la brune venait d’appuyer sur un bouton douloureux.

Car oui, Nick était blessé. Et non, il n’avait pas pensé à ce qu’il dirait à sa famille. Et les raisons étaient plutôt simples, pour être honnête. « J’en sais rien. Je sais pas ce que je vais dire à ma famille. Peut-être qu’ils seront contents, de toute façon, il est clair qu’aucun d’entre eux n’a l’air de s’imaginer que je puisse me marier par amour un jour », s’énerva-t-il. Maintenant qu’il était lancé, il était évident qu’il était contrarié plus qu’il ne le laissait paraître. La veine de sa tempe battait fortement, témoignant de sa contrariété. C’était un signe distinctif chez le jeune homme. L’une des rares choses qu’il ne partageait pas avec son frère jumeau. « Peut-être qu’elle me défend parce que contrairement à nous, elle voit que c’est voué à l’échec, qu’elle sait que quelqu’un va souffrir. Warren va peut-être finir par te pardonner, mais moi il ne me pardonnera jamais », répondit-il en la dévisageant. Oui, il avait conscience d’être dur, mais en même temps, c’était la vérité. Il garda cependant le silence un moment, pas vraiment fier de s’être emporté de la sorte. Calie n’y était pour rien dans cette histoire et il ne pouvait pas le lui faire payer. « Désolé », finit-il par dire, quand il se décida à reprendre la parole. Le jeune homme se passa les mains sur le visage. Lui, généralement si insouciant, devait bien avouer que cette histoire le travaillait beaucoup trop et pour une fois, il avait parfaitement conscience qu’il y aurait des conséquences. « Bien entendu que ton avis compte », répondit-il en lui adressant un sourire. Mais son sourire disparu bien vite. Le jeune homme se détourna d’elle pour regarder par la fenêtre. De nombreuses questions le taraudaient depuis des mois. Des questions qu’il n’osait pas poser. « A quoi est-ce qu’on joue Calie ? », demanda-t-il, plus pour lui que pour elle. « Tout le monde à l’air de penser que j’suis un idiot. Que je ne veux pas m’engager. Mais je ne demande que ça », ajouta-t-il, le regard perdu dans le vide. A vrai dire, sa réputation le précédait. Parce qu’il avait été un coureur de jupons pendant ses années lycée, on pensait qu’il ne pouvait pas changer. « Mais je prend toujours les mauvaises décisions », conclut-il. 

Un jour, Nicholas apprendrait à réfléchir avec son cerveau. Mais en attendant, le jeune homme avait encore un tas de choses complètement abruties à faire. Il avait parfaitement conscience que ce qu’il faisait n’était pas totalement rationnel. Mais en même temps, il avait toujours été le genre de personne à agir en fonction de ce que son cœur lui dictait, pas sa tête. « Peut-être. Ou peut-être que c’est l’idée la plus logique qui soit », répliqua-t-il, sans vraiment y croire. Le fait était que sous ses allures de je m’enfoutiste chronique, Nick avait un grand cœur et qu’il avait parfois tendance à vouloir être trop gentil. La gentillesse le poussait maintenant à vouloir sauver les fesses de Wendy, même si ce n’était pas la chose la plus sensée et la plus intelligente à faire. Mais de toute façon, ce n’était pas comme s’il risquait de trouver la femme de sa vie demain. Apparemment, toutes les femmes auxquelles il pouvait s’attacher ne le considérait que comme un objet sexuel et finissaient par le jeter sans le moindre problème. Nick commençait à en avoir assez. Il n’était pas un idiot sans cœur, c’était juste que personne ne semblait capable de le prendre au sérieux. Pas même sa famille. Et forcément, ça lui faisait de la peine. « Bien sûr que c’est vrai. Tout le monde me prend pour un goujat et tout le monde à l’air de croire que je prends mon pied à prendre les filles pour des objets. C’est si difficile à imaginer que oui, Nicholas O’Brian pourrait vouloir se marier et fonder une famille un jour ? », gronda-t-il, la mâchoire crispée. Ça le vexait. Ça l’énervait. Et ça lui faisait de la peine. Nick était en colère. Et dans le fond, Nick avait aussi un peu le cœur brisé, il avait juste une façon bien à lui de l’exprimer.

Alors non, il n’avait pas encore réfléchit à comment le dire à sa famille. Il se disait qu’il fallait peut-être attendre avant de le faire, parce qu’ils n’étaient pas certains d’aller jusqu’au bout. Pour ce qu’il en savait, Wendy était une grande romantique, elle aussi devait rêver d’épouser l’homme de sa vie. De toute façon, ils avaient bien d’autres problèmes. Parce que le jour où Warren apprendrait la vérité, il n’allait plus leur adresser la parole. Surtout pas à lui. Il était son jumeau, son frère de toujours et il l’avait trahi. Est-ce que Nick avait conscience qu’il devait avoir honte ? Parfaitement. Pourtant, ça ne l’empêchait pas de se comporter comme un idiot. Il se désespérait lui même. Warren n’avait jamais ignoré que Nick aussi, avait eu un coup de cœur pour Calie. Mais la brune avait fait son choix et il aurait dû s’en tenir à ça. Il aurait dû l’oublier et accepter qu’elle était la compagne de son frère. Et maintenant ? Il risquait de perdre la fille ET le frère. « Je crois qu’on doit plutôt accepter l’idée qu’il ne pardonnera à aucun de nous deux », répondit-il sur un ton triste. C’était triste à dire, triste à entendre, mais ils avaient tous les deux trahi Warren, sa confiance, l’amour qu’il leur portait. C’était dans ces moments que Nick se sentait être comme un moins que rien. Il aurait dû faire abstraction de son attirance et de ses sentiments pour sa belle sœur. Même s’ils existaient depuis l’université, ces sentiments n’avaient pas lieu d’être. Il aurait dû être capable de s’effacer. Il aurait dû être capable de penser à son frère plutôt que de ne penser qu’à lui. Si Warren en venait à le détester, il ne pourrait pas lui en vouloir. Il était même plus que probable que Nick se mette à se détester lui-même. C’était déjà un peu le cas, dans le fond.

Les paroles de Calie ne suffisaient pas à apaiser son esprit tourmenté. Nick ne savait plus où il en était. Tout ce qu’il savait, c’est que cette relation ne pouvait pas durer, qu’un jour ou l’autre elle allait leur exploser à la figure. Et ça lui faisait peur. Parfois, Nick se sentait juste faible et fatigué. Il tentait de le cacher sous son habituel sourire ironique. « Tu as choisi Warren, Calie. J’aurais dû oublier ce que j’avais pu ressentir pour toi, j’aurais dû ignorer cette attirance qu’il y avait entre nous. Ce n’était pas inévitable. J’ai été idiot », répondit-il. D’autant plus que la jeune femme venait de confirmer qu’elle avait bien remarqué que Nick ressentait quelque chose pour elle depuis longtemps. Mais elle avait quand même choisi Warren. Cette nouvelle information lui faisait l’effet d’une douche froide. Nick était devenu plus froid à mesure que la conversation avançait, plus distant aussi. Mais la jeune femme se glissa devant lui et prit son visage entre ses mains. Instinctivement, il ferma les yeux. Il se sentait bien, en sa présence. Ça n’empêchait rien au fait que ce qu’ils faisaient était mal. « Comment est-ce que tu veux que je leur prouve quoi que ce soit ? On ne tombe pas amoureux sur commande, que je sache », répondit-il après avoir gardé le silence un moment. Nick ne contrôlait pas ses sentiments. Et ça faisait des années qu’il en avait pour Calie. Il voyait mal comment d’un coup, il pouvait oublier ce qu’il ressentait pour elle pour reporter son affection sur une autre, dans le seul but de prouver à sa famille qu’il pouvait être un type sérieux. « Ça a toujours été la même chose. Parce que j’étais un peu séducteur dans mon adolescence, on a toujours cru que je serais incapable de pouvoir être sérieux . Alors on m’a toujours plaqué pour un mec plus sérieux », ajouta-t-il. Ce n’était certes pas marqué sur son front qu’il voulait fonder une vraie famille, comme celle que son père avait fondé, mais c’était la vérité. Seulement, il lui fallait plus de temps qu’aux autres pour ouvrir son cœur, parce qu’il avait peur de finir déçu. D’un geste, Nick repoussa les mains de Calie qui entouraient son visage et recula d’un pas. « Fut un temps, j’avais cru avoir trouvé la femme parfaite pour moi. Mais elle a finalement choisi d’en épouser un autre », ajouta-t-il, d’un ton si bas qu’il n’était pas certain qu’elle l’ait entendu.  

Plus la pression grimpait, plus Nicholas avait l’impression que sa tête allait exploser. Il n’avait jamais formulé le souhait de se marier un jour, c’était vrai. A vrai dire, il n’était pas certain qu’avant d’apprendre que son frère allait se marier avec la femme qui lui plaisait, il avait eu dans l’idée de se marier, tout court. Mais les faits étaient là, Nicholas était prêt pour aimer, on ne le prenait simplement pas suffisamment au sérieux pour le croire. Peut-être que parler de mariage était quelque peu prémédité, mais il était prêt à ouvrir son cœur, à l’offrir, à aimer. Il avait toujours nié ces faits, du moins il n’avait jamais réellement reconnu l’inverse. Parce que Nicholas avait le don de trouver des femmes qui n’étaient pas faites pour lui. Et lui non plus n’était pas certain d’être fait pour elles. Il fallait bien le reconnaître, plus jeune, il s’était amusé avec le cœur de ces belles. Mais il avait changé, il s’était posé. Il ne ramenait plus autant de femmes chez lui. Il allait à des rencards, dans le simple but d’avoir de vrais rencards, pas juste pour ramasser une fille sexy à mettre dans ses draps. Et depuis qu’il couchait avec Calie, il n’avait plus d’autre femme dans sa vie. Peut-être parce que dans le fond, même s’il ne voulait pas l’admettre, en couchant avec lui, elle lui avait offert exactement ce qu’il désirait depuis très longtemps. Toujours est il que le jeune homme avait changé, il était devenu quelqu’un de totalement différent. Peut-être que parler mariage et enfants était précipité, mais Nicholas ne voulait pas passer toute sa vie seule et passer pour le demeurer qui jusqu’à ses cinquante ans allait changer de femme comme il changeait de chemises. Les faits étaient là et il les reconnaissait ouvertement aujourd’hui.

Mais Nick l’avait blessé en lui envoyant toutes ses vérités à la figure, il le voyait bien. Il le voyait à ses yeux larmoyants et dans le fond, il s’en voulait terriblement. Mais ces mots, Nicholas les avait retenu longtemps. Dans le fond, il savait que c’était injuste, parce que lui non plus, il n’avait pas tout fait pour être avec elle. Pourtant Nicholas ne pouvait s’empêcher d’être en colère, de façon totalement idiote et injuste. Il fronça les sourcils, passablement irrité. LA jeune femme elle aussi avait décidé de ne pas le ménager. Et dans le fond, il avait parfaitement conscience qu’elle avait raison, qu’elle en avait tous les droits. Ses paroles le laissèrent stoïque un instant, avant qu’il ne reprenne la parole. « Le plus courageux ? Je n’appellerais pas ça le plus courageux. Je t’ai envoyé tous les signes possibles, Calie, mais je ne voulais pas me comporter comme un con pour une fois », fit-il. Oui, il l’avait souvent dragué, mais il avait pensé à un petit jeu entre eux, en toute innocence. S’il avait su … Mais non. Dans le fond, s’il avait su, ça n’aurait absolument rien changé. Parce que non, en amour, Nicholas n’était pas courageux. « Tu veux savoir pourquoi je n’ai pas fait le premier pas Calie ? Parce que je ne suis même pas sûr d’être doué pour ça. Pour les relations de couple. Tout ce que je sais, c’est que pour toi j’aurais été prêt à essayer. Mais j’avais peur de tout gâcher. Et il y avait Warren. C’est un mec bien. Quelqu’un qui ne t’aurait jamais fait de mal. Alors quand il t’a embrassé et que j’ai compris que tu l’aimais, je n’ai pas voulu me battre. Je vous ai laissé former le parfait petit couple, parce que lui ne t’aurait pas blessé, moi je ne pouvais pas te promettre la même chose », ajouta-t-il, une boule se formant dans la gorge.

Quand il avait vu Warren embrasser Calie le jour de la remise des diplômes, il avait eu l’impression de s’être prit une gifle. Nick n’ignorait pas que Warren en pinçait pour Calie, mais Warren n’ignorait pas non plus que Nick en pinçait pour elle aussi. Alors il s’était sentit trahi. Maintenant, c’était lui qui le trahissait et de la pire des façons en couchant avec sa future femme. Il avait conscience qu’ils devaient arrêter ça rapidement. Toutefois, les paroles de Calie le blessaient. « Très bien, dans ce cas je suis un sale con. J’ai l’habitude d’endosser ce rôle, je peux gérer », siffla-t-il entre ses dents. Calie n’avait jamais eu à subir la colère de Nick. D’autant plus que c’était parfaitement injuste, c’était contre lui qu’il était en colère, pas contre elle. Parce qu’il savait qu’elle avait raison, il savait qu’il agissait de manière stupide, mais il n’avait juste pas envie de se l’entendre dire. « De toute façon, qu’est-ce que ça peut bien te foutre avec qui je me marie ? », ajouta-t-il, d’un ton cinglant. La voir si triste ne lui plaisait pas. Mais après tout, peut-être fallait-il couper les ponts de manière violente, arracher le pansement d’un seul coup. Peut-être que Warren ne saurait jamais et peut-être que les choses pouvaient rentrer dans l’ordre. C’était naïf de le penser, mais à ce stade, la naïveté, c’était tout ce qui lui restait. « Quoi ? », brailla-t-il quand elle affirma ne plus être sûre de vouloir se marier. Alors celle là, il ne l’avait pas vu. Oui, il aurait dû se douter que le fait qu’elle couche avec lui voulait dire quelque chose et pas forcément une chose positive pour son mariage. Mais de là à ne plus vouloir se marier … « Moi aussi je crois au … », commença-t-il. Mais elle ne lui laissa pas le temps de continuer. La jeune femme tournait déjà les talons. Nick la poursuivait dans le couloir. Il ne pouvait pas la laisser partir maintenant. Pas comme ça. « Calie, attend, tu ne peux pas partir comme ça », fit-il. Pas après qu’elle ait dit qu’elle n’était plus sûr d’épouser son frère. Mais la jeune femme claqua la porte sans lui laisser le temps d’ajouter quoi que ce soit et il n’avait pas la force ni le courage de lui courir après. Conscient d’avoir été con, le jeune homme se mit à jurer. « Putain !», hurla-t-il en donnant un violent coup de poing dans le miroir qui trônait dans l’entrée. Le verre se brisa au contact de sa peau et trancha sa chair. Mais malgré la douleur qui naissait dans sa peau entaillée, ce n’était rien comparé à la douleur qu’il venait d’infliger lui même à son muscle cardiaque.