Depuis quelque temps maintenant, j'avais l'impression que mes joueurs faisaient encore plus d'effort que d'habitude. A croire que la défaite de la semaine dernière avait eu l'effet d'un électrochoc sur eux. Ils s'étaient vu trop beaux, beaucoup trop vite. La saison de basket pouvait être longue et même si on avait le droit de relacher la presison sur certain match, perdre contre plus faible que nous ce n'était pas permis. On avait tous la finale du championnat en tête de l'année dernière. Ce graal qu'on avait réussi à atteindre, mais pas toucher. Les nouveaux ne s'en rendaient pas compte,  mais pour les anciens de l'équipe cette vexation était le moteur principal de notre équipe. Je me sentais vraiment fier d'eux et je n'hésitais pas à le dire. Je râlais souvent sur eux, voire même je criais quand ils faisaient n'importe quoi, mais quand c'était bien, il fallait aussi le dire. C'était même pour cela que dans ma grand manséatude j'avais raccourci l'entraînement pour qu'ils puissent profiter tranquillement de la soirée. Je savais que Stacy Daniels faisaient une soirée chez elle et la plupart d'entre eux étaient invités, autant qu'ils en profite. « Vous êtes sur coach ? » Si je disais que oui ce n'était pas pour qu'ils doutent de ma parole. « Oui je suis sûr. Prenez votre douche parce que vous puez et allez faire la fête. Moi je reste pour jouer et fermer le gymnase. » En voyant les sourires radieux, je savais qu'ils n'allaient pas me demander de répéter, pour une fois ils allaient même en courant dans les vestiaires. Ils étaient mignon.
Pendant que je rangeais le tout, je les voyais partir au fur et à mesure. Cette équipe avait quelque chose en plus. C'était des bons garçons et j'espérais qu'ils pourraient aller loin.

Ballon à la main, j'étais content de me retrouver seul face au panier,  cela me rappelait mes anciennes années de gloire, et surtout je me rendais compte à quel point j'aimais ce sport et toutes les sensations qu'il m'avait apporté. Je pourrais passer des heures tout seul face à un panier, tout comme je pourrais y passer des heures et des heures à en parler. Des fois j'essayais avec Joan, mais bien vite elle perdait le fil et pour la faire revenir je n'avais qu'à prononcer les mots magiques ; Kevin Love. Là je pouvais être sûre de capter son attention.
Alors que j'étais en train de m'entraîner tranquillement, j'entendais la porte s'ouvrir. Cela ne m'inquiétais pas plus que cela, c'était sûrement l'un des joueurs qui avait oublié quelque chose dans le vestiaire. En tout cas je ne m'arrêtais pas pour regarder ce qu'il se passait. Ce n'était qu'en entendant une voix que je m'arrête net. « Salut Paul, Qu'est ce que Peter venait faire ici ? J'avais coupé court à toute relation quand il avait trompé Joan une première fois. Il venait ici pour quoi ? Me taper ? Si c'était ça, c'était une belle réaction d'adulte. Je ne répondais pas et attendais de voir ce qu'il voulait. « Ça fait un bail » Au moins 1 an, peut-être un peu moins. « La dernière fois qu'on s'est vu tu trompais Joan une nouvelle fois et on s'est battu » Si à une époque j'étais le plus grand fan de Peter, tout cela était maintenant loin derrière moi. Il était juste le gars qui avait fait souffrir Joan et qui s'était enfui à l'annonce de sa grossesse. Il pouvait bien jouer au père modèle, mais je n'y croyais pas. « T'as l'air en forme en tout cas, ça te réussit bien la vie de couple. » Ah c'était donc pour cela qu'il était venu me voir. On y venait. « Oui, j'apprécie beaucoup aussi. Je me sens très serein » S'il pensait me faire culpabiliser en venant jusqu'ici il se trompait lourdement. « Je te rassure, je suis pas là pour te défier en duel. Joan est à toi. » Il ne venait pas me défier, mais il venait mettre les pieds au gymnase. Son attitude et son discours, tout était contradictoire chez Peter. « Joan n'est pas à moi. Elle n'est pas un objet qu'on peut posséder » Joan était avant tout avec la personne qu'elle voulait et tant pis si ça lui déplaisait. « Qu'est ce que tu veux vraiment Peter ? » Je n'avais pas envie de jouer avec lui, encore moins de perdre mon temps donc s'il pouvait exprimer le fond de sa pensée on serait tout les deux gagnants. « Tu veux des explications ? De la culpabilité ? Désolé, mais j'ai passé l'âge de me justifier » Joan et moi étions des grandes personnes, et on prenait les décisions comme on le souhaitait. « Et j'ai pas envie de me battre non plus » Sinon mon discours auprès des joueurs comme quoi c'était complètement idiots de se taper dessus allait très mal passer.

Depuis qu'on avait officialisé les choses avec Joan, je savais que tort ou tard j'aurai eu la visite de Peter. J'aurai même préféré un jamais, mais qui étais-je pour lui arracher le plaisir de venir me remonter les bretelles ? Je savais qu'il n'allait pas apprécier la situation, je savais aussi qu'il allait m'en vouloir, mais honnêtement ? Je m'en contrefichais. Rien dans ma relation avec Joan n'avait été planifié. Jamais je m'étais dit que ce qui se passait entre Joan et moi pouvait le faire chier, parce que je m'en foutais de son avis. Il avait eu sa chance avec elle et il avait lamentablement foiré. Si moi j'avais une chance, je ne comptais pas la laisser passer. Et il pouvait dire ce qu'il voulait, rien ne pourrait venir mettre un terme à mon bonheur.
Oui on ne s'était pas vu depuis longtemps lui et moi, mais c'était uniquement de sa faute. La dernière fois que je l'avais croisé dans un bar, il trompait allégrement Joan, alors tant pis si je lui avais fait de la peine mais cela ne m'avait pas donné envie de le revoir. « T'en es encore là ? Elle m'a quitté je te rappelle, c'est pas comme si t'avais encore quelque chose à gagner de me rabaisser à la moindre occasion. » Ce n'était pas une tentative de le rabaisser, juste un moyen de lui faire comprendre qu'il avait joué aux cons. « Je te rabaisser pas Peter, je te rappelle juste les faits. C'est toi même qui a dit que ça faisait un bail » Autant dire que j'avais encore les nerfs à vif suite à cette soirée. « Cette même soirée où t'as pas eu les couilles de lui dire la vérité et que t'as préféré lui dire que c'était moi qui avait trompé Charlotte à l'époque » Le douloureux avait été de voir que Joan avait préféré croire Peter que moi. La seule raison pour laquelle on s'était réconcilié avait été dû au fait que Charlotte m'avait lamentablement quitté pour son ex.

Même si cette conversation avec Peter était indispensable, je m'en serais bien passé. Parce qu'on était plus la même longueur d'onde lui et moi, parce qu'on était passé à autre chose et surtout parce que je n'avais pas envie de me battre avec lui. Alors s'il pouvait me dire rapidement la raison de sa présence cela m'arrangerait grandement. « Relax, je suis pas venu gratter ta pitié et je veux encore moins me battre avec toi. Bordel Paul, on est plus des gamins faut que t'arrêtes de te mettre sur la défensive comme ça. Tu peux pas te mettre dans la tête que je suis pas ton ennemi dans l'histoire ? » Et il voulait faire croire ça à qui exactement ? Parce que personnellement je n'étais pas dupe. « N'essaye pas non plus de me faire croire que t'es le gentil de l'histoire. Tu es pas venu ici par hasard » Quand on voulait me trouver, les choix étaient réduits. Soit j'étais sur un terrain de basket, soit chez moi, soit chez Joan. Ce n'était pas très compliqué. « Au cas où t'aurais oublié, j'ai été avec Joan pendant cinq ans. C'est pas rien cinq ans, t'as le temps de pas mal t'attacher à une personne durant tout ce temps. Alors si tu crois que je n'ai fait que me foutre d'elle, fais-moi le plaisir d'oublier ça parce que c'était clairement pas le cas. » Il interprétait mes paroles de la mauvaise façon. Evidemment que 5 ans de relation ça comptait, encore plus quand il y avait un enfant derrière, mais pourtant si Joan n'était plus avec lui aujourd'hui il ne pouvait s'en prendre qu'à lui même. « Je n'ai jamais dit ça Peter, mais tes actes ont parlé pour toi » Et contrairement à ce qu'il pouvait penser ce n'était une tentative de le rabaisser, juste de lui faire voir la réalité en face. « Je sais que tu as aimé Joan et que tu l'aime encore » C'était même ce qui me faisait le plus peur dans notre relation. Parce qu'elle avait un lien avec Peter que je ne pourrais jamais avoir. Il était le père de son enfant et je pouvais difficilement rivaliser avec ça. « Sois meilleur avec elle que je l'ai été, c'est tout ce que j'ai à te dire. » Il n'avait pas à s'inquiéter pour cela, blesser Joan était bien la dernière chose dont j'avais envie. « Tu as ma parole » Du moins si elle avait encore une valeur pour lui. « T'as gagné le coeur de Joan et je peux essayer de l'accepter. Mais par contre je préfère garder ma place en tant que père de William alors y a de fortes chances pour que je reste dans les parages, malheureusement pour toi. J'sais bien que tu peux pas me supporter Paul, sinon t'aurais pas décidé de prendre son parti à elle sans essayer de comprendre un minimum la situation. » Tout en l'écoutant parler, j'avais fini par moi aussi m'accouder à la clôture, chose qui me semblait impossible il y a encore 5 minutes. « Tu n'as pas à t'inquiéter pour cela Peter. Tu es le père de William et jamais je ne prendrais sa place » De toute façon Joan ne l'aurai pas accepté. Pour le reste, c'était beaucoup plus compliqué et j'avais l'impression qu'on faisait place à des années de non-dit. « Quand t'as trompé Joan, t'as raison j'ai pas essayé de comprendre, mais parce que c'est pas toi qui a du la ramasser à la petite cuillère. » Rien que pour l'état de détresse dans lequel j'avais retrouvé Joan, je ne pourrais jamais pardonner à Peter. « J'avais confiance en toi Peter. Quand tu as commencé à t'intéresser à Joan, qu'elle ne savait pas trop quoi faire, j'étais le premier à lui dire de te laisser une chance, je l'ai poussé dans tes bras parce que j'étais persuadé que tu serais l'homme de sa vie. » Le temps m'avait fait comprendre que ce n'était pas le cas et cela m'avait rendu triste, mais plus maintenant. Maintenant je goûtais au bonheur avec Joan et je ne comptais pas y renoncer. « Ce qui se passe entre Joan et moi, c'était pas prévu, c'est juste arrivé comme ça et je m'en excuserais pas » Sinon la prochaine fois j'aurai plus qu'à me sentir désolé de respirer.

Peter pouvait bien dire ce qu’il voulait, faire sa victime s’il en avait envie, mais ce n’était certainement pas moi qui allait m’en émouvoir. Pas après toute la merde qu’il avait foutu, parce que oui je n’avais pas oublié qu’il y a un an à peine il n’avait pas hésité une seule seconde à balancer que j’avais trompé Charlotte pour sauver sa peau. Le résultat avait été tout simplement une engueulade avec Joan. La plus longue période pendant laquelle on était resté sans se parler. Il avait fallut que Charlotte me quitte pour que tout redevienne normal. Pour qu’elle se rende compte aussi que je ne lui avais jamais menti, contrairement à Peter. « J'étais pas prêt à déjà la voir partir au point de parfois agir comme un crétin, c'est vrai. » J’aurai plutôt tendance à dire comme un salaud, mais okay j’allais me contenter de crétin. « Si tu ne voulais pas la voir partir, pourquoi tu l’a trompé ? » J’avais beau essayer de comprendre la logique de sa personne, je n’y arrivais pas. Peut-être même qu’il n’y avait rien à comprendre au final. Ce qui me perturbait, c’était que je n’arrivais toujours pas à comprendre la raison de sa présence. Il n’était pas venu ici pour se battre, pire il voulait me faire croire qu’il n’était pas mon ennemi. J’avais du mal à y croire et surtout j’avais l’impression qu’il essayait de se racheter une conduite, qu’il essayait de passer pour la victime qu’on avait jugé avec beaucoup trop de hâte. Peut-être qu’avec les autres de la bande ça pouvait fonctionner. Avec moi, cela ne prenait absolument pas. « J'ai pas dit que j'étais le gentil, on est pas dans une fiction avec les mauvais gars et les héros dude. Je voulais te voir, c'est vrai, mais c'est pas du tout pour te discréditer ou je sais pas quoi. » Alors pour quoi d’autre ? C’était une simple visite de courtoisie ? Laissez moi rire. « Si tu me sors que tu es venu pour qu’on parle de nos vieux souvenirs, du bon vieux temps et blablabla, je me casse » Tout simplement parce que je n’en avait pas envie. A une époque j’étais le plus grand fan de Peter, et je ne comptais plus les moments qu’on avait passer ensemble, mais ce temps était révolue et revenir la dessus ne nous servirait à rien.

Au final, je me demandais si Peter n’était pas venu parce qu’il voulait récupérer Joan. Cette idée me faisait beaucoup peur. J’avais vécu cela avec Charlotte et je ne voulais absolument pas que cela se reproduise avec Joan. Si Peter n’était pas à l’aise dans notre situation actuelle, il pouvait se rassurer je ne l’étais pas non plus. J’étais même terrifié par les sentiments qui le liait à Joan Elle et moi, c'est une histoire ancienne. Tu peux être rassuré par rapport à ça, je compte pas le reconquérir. J'ai déjà fait assez de dégât, »Il pouvait bien dire ce qu’il voulait, je n’avais pas confiance pour autant. Je ne voulais pas baisser ma garde, c’était hors de question. « Tu peux dire ce que tu veux Peter, mais à mon sens ça ne sera jamais une histoire ancienne. Cela aurait pu être le cas, mais plus depuis que William entrait dans l’équation. D’ailleurs, c’était peut-être ça la raison principale pour laquelle Peter était venu me voir, il avait peur de perdre son statut de père. Il pouvait se rassurer sur ce point, et même si cela ne m’enchantait guère, je le rassurais aussi. Je ne comptais pas prendre sa place, et de toute façon je ne pourrais jamais. Il était le père de William et rien ne pourrait jamais changer cela. Surtout que Joan ne le permettrait pas. « Merci. » Je ne répondais rien à cela, parce qu’au final il n’y avait rien à ajouter. Je comprenais ses doutes et ses peurs autant que possible, mais mon empathie n’irait pas plus loin. Surtout s’il se mettait à penser que j’avais tout manigancé. Avec Joan rien n’était prévu, c’était arrivé et c’était beau et je n’allais pas m’excuser pour cela.  Je te demande pas de t'excuser Paul, c'est pas comme si tu devais avoir ma permission pour sortir avec elle. » Encore heureux, parce que je ne l’aurai jamais fait et je ne lui aurait jamais demandé. « Je ne voulais pas la blesser, et tu vas sûrement avoir du mal à le croire mais je m'en veux pour ce qu'il s'est passé. Ça allait trop vite, c'était jamais clair dans ma tête, j'étais trop dans le brouillard que pour être capable d'agir correctement avec elle. » Il avait raison, j’avais beaucoup de mal à le croire. Parce que ces problèmes auraient pu se résoudre tellement plus facilement s’il avait pris la peine d’en parler à Joan, à moi ou même à Ophelia. « Si vraiment c’était vraiment ça le problème Peter, si vraiment ça allait trop vite pour toi tu aurais du le dire à Joan. C’est la personne la plus compréhensive au monde. Tu lui aurai dit et peut-être qu’à l’heure actuelle tu ne serais pas en train de te morfondre » Après ce n’était pas plus moi pour moi, parce que cela me permettait de vivre l’une de mes plus belle histoire d’amour avec Joan. « Au final, c'est pas plus mal qu'elle soit avec un gars comme toi. J'étais pas un gars pour elle, c'est pour ça qu'il valait mieux qu'on se sépare. Mais je te remercie d'avoir pris soin d'elle, je préfère la savoir bien avec quelqu'un de stable même si le prix à payer et qu'on puisse plus se blairer pour le reste de nos vies, toi et moi. » C’était un prix que j’acceptais de payer. « On peut plus se blairer mais on va être obligé de se supporter. Sinon Joan serait capable de nous crier dessus comme des enfants » Et je n’avais pas spécialement envie d’en arriver là. Tolérer la présence de Peter c’était quelque chose de totalement faisable, dîner en famille avec lui me semblait beaucoup plus problématique. « Le plus simple serait que tu rencontres quelqu’un. » Ce n’était sûrement pas la meilleure des solutions, mais au moins je pourrais vivre mon histoire avec Joan dans la joie et la bonne humeur.