Je ne pouvais pas dire que la famille c'était sacrée pour moi, c'était même tout le contraire. Je détestais mon père comme ce n'était pas possible, avec ma mère on se parlait une fois par mois mais ce n'était plus du tout comme avant. Depuis mon mariage avorté, j'avais beaucoup de mal à lui faire confiance. Heureusement il me restait ma petite sœur et je devais avouer qu'elle me manquait plus que je ne l'aurai cru. On avait toujours été proche et toujours habitait à 10 minutes l'un de l'autre. Depuis que j'avais déménagé à Cap Harbor ce n'était plus le cas et je m'en voulais de ne plus être présent pour elle, de ne plus pouvoir la protéger comme je le voulais surtout quand elle avait des peines de coeur comme aujourd'hui. « Pourquoi tu ne viendras pas nous rejoindre à Cap Harbor quelque temps ? Je suis sûr que cela ne dérangera pas Mila et puis il y a une chambre de libre » Sur l'écran de mon ordinateur je voyais que les larmes continuaient à couler sur le visage de ma sœur et j'avais une envie folle de la prendre avec moi. « C'est vrai que maintenant vous partagez le même lit. C'est vraiment sérieux entre vous ? » C'était une question délicate, j'avais envie de dire oui. « Pour l'instant on essaye de ne pas trop se projeter et on profite du moment présent, mais en tout cas on est exclusif et c'est tout ce qui m'importe » Et je pouvais même dire que je ne m'étais pas senti aussi bien et aussi serein depuis longtemps. « Tu es heureux, ça se voit » Si ma sœur pouvait aussi être heureuse, j'en serais le premier à m'en réjouir. « Ajoute un peu plus de bonheur à ma vie en venant ici » Je savais qu'à force d'insister j'allais réussir à la convaincre. « Je te promets d'y réfléchir, mais je dois y aller je vais manger avec maman » Ce n'était pas encore une victoire, mais au moins elle n'était pas fermée à l'idée. « Dit bonjour à maman pour moi. Et oublie pas que je t'aime Mary » Ma sœur avait à peine le temps de me répondre qu'elle mettait fin à notre appel, me laissant seul avec le silence de la maison.

Maintenant que l'appel skype avec ma sœur était terminé, je me sentais un peu dépourvu. Je pourrais aller courir dans le parc, mais j'avais un peu la flemme pour ça aujourd'hui. Par contre je pouvais préparer le repas de ce soir. Comme ça Mila n'aurait rien à faire en rentrant de son mariage. Je fouillais dans le frigo et dans les placards à la recherche de l'inspiration divine, mais rien de ce que je trouvais n'arrivais à me combler. Il me restait plus qu'à faire des courses en espérant ne pas me perdre encore une fois.
Je déambulais dans les allers sans trop savoir ce que je cherchais et je mettais tout ce qui me plaisait dans mon panier. J'allais encore faire des courses pour toute une garnison et sortir avec une facture longue comme le bras, mais c'était pas grave. J'en profitais aussi pour prendre une bouteille de champagne. On avait rien à fêter en particulier, mais cela pouvait toujours être utile et surtout cela faisait toujours plaisir. Je le vais le nez prêt à passer en caisse, mais au détour d'une allée il me semblait avoir reconnu quelqu'un. Je voulais en être sûr et donc je suivais la personne sans la moindre pression et j'avais eu raison. C'était Peter qui se tenait à quelques metres devant moi. « Peter !! » Plutôt que de lui courir après, j'avais préféré l'interpellait pour qu'il s'arrête et puisse avoir le temps de me reconnaître pendant que je m'approchais de lui. « J'ai l'impression que ça fait un bail qu'on s'est pas vu » Ce qui était vrai, en même temps depuis que j'avais emmenager à Cap Harbor j'avais pas vraiment pris le temps de contacter les gens que je pouvais connaître. « Je suis venu vivre définitivement ici, on va pouvoir se voir beaucoup plus souvent » Rattraper le temps perdu et tout et je devais avouer que voir un visage aussi familier ça faisait du bien. « Qu'est ce que tu deviens depuis le temps » Je n'étais pas certain que 10 minutes au détour d'une allée d'épicerie allait suffire, mais au moins après ça on aurait beaucoup plus de temps devant nous.

Je n'étais pas un grand fan des grandes courses, surtout que je savais que j'allais me perdre pour retrouver le chemin de la maison, mais ce soir j'avais envie de faire plaisir à Mila, j'avais envie de le surprendre avec un dîner grandiose. Enfin grandiose était peut-être exagéré, mais en tout cas je voulais qu'elle puisse se détendre tranquillement après sa journée de boulot. En tout cas ce n'était pas dans cet endroit que je pensais revoir Peter. D'habitude on se voyait le plus souvent à New-York et on se plaignait surtout de nos pères. C'était d'ailleurs ce qui nous avait rapproché au début et au final on avait réussi à lier une véritable amitié qui avait perduré malgré les années et la distance. En tout cas, je ne pensais sûrement pas le voir dans un magasin de Cap Harbor et je n'allais pas laisser passer l'occasion de lui parler. Cela faisait des années qu'on avait pas eu l'occasion de se voir. En tout cas j'avais vraiment l'impression que cela faisait un bail. « Une éternité à voir l'état de ta barbe, elle a bien plus de style qu'à l'époque. » Je passais une main sur ma barbe effectivement plutôt bien fournie en rigolant. « Oui, j'ai enfin trouvé ce qui lui convenait le mieux. Enfin j'ai surtout rencontré un excellent barbier par ici » Sans cette personne ma barbe serait toujours aussi moche que dans mes jeunes années. Puis j'avais la chance que Mila soit aussi fan de cette barbe que moi. En tout cas j'étais aussi très heureux de lui apprendre que j'avais posé mes valises ici définitivement.  « Sérieusement ? Bah bordel, il était temps que tu te ramènes ! T'es parti si longtemps que j'ai fini par ne plus du tout m'intéresser au business de nos vieux, mais ne crois pas que ça ait quelque chose à voir avec toi. » Oui, il était sûrement temps que je vienne m'installer ici, mais c'était surtout du fait de mon père que je sois ici. « Figure toi que c'est mon père qui m'a envoyé ici pour me punir en quelques sortes, mais je crois que c'est la meilleure chose qu'il pouvait faire pour moi » Parce que oui, même si ma vie à New-York me manquait, finalement la vie à Cap Harbor était plutôt pas mal.

Même si je pouvais passer des heures à parler de mon père et surtout lui cracher dessus, je préférais m'intéresser à la vie de Peter. Je voulais savoir comment les choses se passaient pour lui. « Ce que je deviens ? Oh tu sais, la routine. Je bosse, je fais brûler ce que je cuisine, j'ai un gamin. Rien d'extravagant, » Je devais me répéter la phrase 2 fois avant d'enregistrer clairement ce qu'il venait de me dire. « Attends quoi ? Tu es devenu papa ? » Je n'arrivais toujours pas à y croire. [color:c954=color=goldenrod] « Pourquoi j'ai pas reçu un fait part de naissance ? Fille ou garçon ? Faut que tu me racontes tout » En tout cas je me sentais vraiment heureux pour lui. Cela devait être un sacré changement que d'être devenu père. « Et un jour je devrais te donner des cours de cuisine » Parce que vraiment maintenant qu'il avait un rôle important à tenir, Peter ne pouvait plus brûler ses repas. « Et toi alors ? T'as dépassé ton père dans les affaires ? » Si seulement… « Non pas encore, mais je m'y emploi fortement » Et je comptais surtout réussir. « Depuis que j'ai fais un scandale devant le conseil d'administration, il essaye de me mettre des bâtons dans la roues, mais de manières beaucoup plus fourbes, du coup j'ai le temps de le voir venir » Ce qui me peinait le plus, c'était que je n'arrivais pas à comprendre pourquoi mon père se sentait obligé d'être en compétition avec moi de la sorte. Quand j'étais jeune, je voulais tout faire pour le rendre fier, maintenant je souhaitais juste qu'il me foute la paix. « S'il pouvait oublier mon existence cela m'arrangerait bien » Mais vouloir ça, c'était comme croire au père noël. C'était impossible. « Ma sœur doit bientôt venir ici, faudra qu'on se fixe une soirée à 3 » Mais avant que cela n'arrive, il avait plutôt intérêt à me faire un long résumé de tout ce que j'avais loupé.

Peter n’avait pas tort à propos de ma barbe. A une période celle-ci ne ressemblait vraiment à rien, on avait même l’impression qu’elle vivait une vie à part de la mienne et qu’elle essayait de prendre le contrôle de mon visage et puis un jour j’avais trouvé le barbier parfait à New-York et trouver quelqu’un d’aussi bien à Cap Harbor ce n’était pas une chose aisée, mais j’avais réussi et maintenant je pouvais me pavaner fièrement avec cette barbe taillé au millimètres près. En plus Mila l’adorait aussi donc c’était d’autant mieux. Même si j’étais canon sans barbe, j’avais quand même plus d’allure avec. D’ailleurs je devrais peut-être donné l’adresse à Peter, cela ne pourrait pas lui faire de mal. Mais en tout cas j’étais heureux de pouvoir le retrouver ici à Cap Harbor. On allait pouvoir se voir plus souvent et c’était une excellente chose si on me demandait mon avis. Même si à la base mon père m’avait envoyé ici pour me punir. « Te punir ? Qu'est-ce que t'as fait de si mal pour qu'il en vienne à vouloir t'exiler ? » De mon sens, rien que le fait t’exister semblait énerver mon père. « Oh tu sais, mon père et moi on a jamais eu une relation facile. On va dire que c’est compliqué » Et je n’avais pas forcément envie de l’embêter avec mon mariage avorter, le rôle de mon père dans cette histoire et tout ça, tout ça.
A ce niveau c’était beaucoup plus simple de prendre des nouvelles de Peter et de commencer à rattraper le temps perdu en demandant les grandes nouvelles de sa vie. Si je m’attendais à beaucoup de choses, j’étais loin d’imaginer qu’il pouvait être père. J’étais vraiment heureux pour lui en tout cas, même si j’étais déçu de ne pas avoir reçu un faire part. « Garçon, il s'appelle William. Et.. c'est plutôt sa mère qui s'est chargée des faire parts, enfin je suppose. Je sais pas trop, c'est une histoire plutôt longue que je préfère éviter de raconter devant tout un supermarché. » Huum, voilà qui était intriguant, mais si je lisais bien entre les lignes, j’avais tendance à croire que Peter n’était plus avec la mère de William. « En même temps je crois pas que tu ai jamais eu mon adresse. Effectivement si l’histoire est longue, le supermarché n’est pas l’endroit idéale. Les grands-mères sont toujours à l’affut des potins » Elles passaient même leur journée à écouter tout ce qu’elle pouvait et faire des rapports détaillés plus tard.

Ce qui était sûre, c’était que cette rencontre n’allait pas être la dernière. Surtout si Peter était toujours aussi nul en cuisine. Je ne pouvais cautionner tout cela, il fallait que je fasse quelque chose. « Franchement, je dirais pas non aux cours de cuisine. Mais sache que je suis devenu un pro en cuisson de lasagnes, » C’était déjà pas mal, j’espérais juste que ce n’était pas des lasagnes surgelé. « Avec mes cours, tu vas devenir le pro de la cuisine et tu vas pouvoir épater tout le monde » En tout cas pour moi cela fonctionnait parfaitement bien avec Mila. A chaque fois j’arrivais à la charmer. Quoique maintenant j’avais un doute. Est ce que c’était ma cuisine, le vin ou tout simplement ma personne ? Sûrement un mélange des trois. C’était pour l’instant le seul domaine où j’étais sûr d’être meilleur que mon père. Pour le reste j’avais encore pas mal de boulot à faire, mais je me rapprochais doucement. « Je comprends mieux l'exil maintenant. Même à notre âge, nos pères sont incapables de nous laisser tranquille, à croire qu'ils n'ont que ça à faire de leurs journées. » Je laissais échapper un rire, parce que oui c’était totalement ça. Au lieu de s’occuper de leur cul, ils voulaient nous faire chier, sans vraiment y arriver au final. « En tout cas je regrette pas du tout cet exil, parce que j’ai retrouvé Mila et maintenant toi. » J’étais le grand gagnant, même si ne plus voir ma sœur tous les jours était difficile, mais je réussissais à m’y habituer.  « Il n'y a pas moyen qu'il te fiche la paix une bonne fois pour toute ? Offre lui sa bière spéciale préférée à Noël, » Je ne savais même pas si mon père était capable d’apprécier Noël. « Je crois que jusqu’à son dernier souffle, il me fera chier, mais pour Noël, j’ai décidé de lui offrir mon mépris et mon silence. » Et aussi les chiffres que je réussissais à faire grimper en flèche à Cap Harbor. Parler de mon père pouvait me rendre aigrie, alors je préférais penser à ma sœur et sa prochaine venue à Cap Harbor. Cela serait même l’occasion de se faire un resto à trois avec Peter. « Vraiment ? Ce serait super, je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de me présenter autrement à elle que comme "le fils du type qui bosse avec son père". » Il n’avait pas tort et il était temps de remédier à tout cela. « Je te préviens tout de suite par contre, ma sœur est beaucoup plus enjoué et heureuse de vivre que moi » Maryline et moi avions des caractères complètement différents, mais c’était ce qui faisait notre force justement. Même si actuellement elle était en pleine déprime post rupture.  Mais si t'as rien, là tout de suite, on peut aller se boire un truc. Ou simplement faire un tour, quoi que je voudrais pas m'immiscer dans ton emploi du temps probablement plus chargé que le mien. » Peter savait comment me parler. « Mais avec grand plaisir, laisse moi juste payer mes courses et je suis prêt pour boire toutes les bières du monde » Ou même autre chose. De toute façon Mila ne m’attendait pas pour tout de suite et puis au pire, elle pourrait toujours venir nous rejoindre.

Faire les courses c’était la partie facile, attendre en caisse c’était plus compliqué. Surtout quand un article ne passait pas. Je préférais l’abandonner sur le tapis plutôt que d’attendre 20 minutes que quelqu’un aille regarder en rayon. C’était qu’on avait d’autre choses à faire avec Peter et en sortant du magasin, on jetais notre dévolu sur le premier bar qu’on trouvait. Ce n’était pas le dernier bar avant la fin du monde, mais il ferait très bien l’affaire. L’avantage, c’était qu’il faisait bon à l’intérieur. « Alors raconte moi tout sur ton fils et sa maman. » Je n’étais pas forcément curieux, mais Peter avait peut-être besoin d’en parler. « En échange, je te raconterais mon histoire de fiancée engagé par mon père » D’ailleurs à cette époque, il n’y avait que Mila qui avait eu le courage de me prévenir et je n’avais pas voulu l’écouter. « Au passage, je te donne aussi la carte de visite de mon barbier » La petite remarque c’était cadeau.

Peter n’avait pas vraiment tort, j’étais vraiment l’homme parfait, et oui j’aimais m’en vanter. D’ailleurs si vous regardiez dans un dictionnaire à la définition de Parfait et Modeste on trouverait tout simplement mon identité et sûrement une photo de moi pour bien illustrer les choses. « Tu sais bien que je n’ai pas de défaut et que j’excelle en tout » J’y arrivais surtout parce que je n’étais pas stupide et que je savais rester à ma place. Enfin la plupart du temps. Des fois je déconnais et ça expliquait pourquoi j’étais à Cap Harbor. Tenir tête à mon père, l’humilier pendant un conseil d’administration n’était pas la chose la plus intelligente du monde à faire, mais Dieu que ça m’avait fait du bien et je le regrettais absolument pas, surtout qu’au final je me sentais bien mieux à Cap Harbor. Bien mieux que je n’aurai pu le croire et c’était en grande partie grâce à Mila et maintenant à Peter. Ouais, retrouver un pote ça n’avait pas de prix. « Tu vas me faire rougir Martin, » C’était bien mon intention. « C’est parce que le rouge te vas si bien au teint Peter » C’était ça aussi qui était génial. On ne s’était pas vu depuis une éternité et pourtant on arrivait à retrouver nos automatisme et à se taquiner comme au bon vieux temps.
Bon vieux temps qui sera vraiment parfait quand Marilyne serait à Cap Harbor. Elle n’était pas encore décidé, mais je savais que je finirais par la convaincre et qu’elle passerait au moins 10 jours avec moi. Du moins nous, parce que je ne comptais pas la laisser dormir dehors. Il fallait que j’en parle à Mila d’ailleurs, mais oui Peter devrait supporter la bonne humeur de ma petite sœur. Désolé pour lui. « Sérieusement ? Bon, je ferai l'effort de pas trop me montrer aigri face à ce surplus de bonne humeur, mais c'est bien parce que c'est toi. » Je compatissais, et surtout je comprenais sa réaction. Même moi des fois j’avais du mal avec la bonne humeur de ma sœur. Elle était beaucoup trop enjoué par moment. « C’est beau ce sens du sacrifice, j’apprécie vraiment. Merci » Mais il n’avait pas à s’inquiéter, Marilyne était capable de faire la conversation pour 10 personnes. En attendant, même si c’était sympa de retrouver Peter, parler dans un supermarché ce n’était pas l’endroit le plus sympa alors je proposais tous simplement qu’on aille boire un verre. Juste le temps pour moi de payer mes courses et de sortir pour le rejoindre.

Maintenant qu’on était installé, que j’avais une bière devant moi j’étais prêt à écouter tout ce que j’avais loupé depuis qu’on ne s’était pas vu avec Peter et cela commençait par le fait qu’il était père. Je me sentais incroyablement heureux pour lui, même si de toute évidence avec la mère ce n’était pas la joie. « J'ai été avec Joan pendant.. longtemps. Mais c'était compliqué, y avait des hauts et des bas, comme dans toute histoire tu vas me dire. On s'est quittés un moment, on est retournés ensemble, et elle m'a annoncée qu'elle était enceinte. Sauf que c'était encore récent, on marchait un peu sur des oeufs, c'était vraiment pas la période pour un bébé et je me sentais pas capable de devenir père, aussi. On s'est pris la tête et elle m'a quitté, mais c'est mieux comme ça. Enfin surtout pour elle, il m'a fallu le temps de me réveiller mais après coup je me suis dit que ça aurait pu être bien pour moi de fonder un famille. Mais bon, » Oula, cela faisait beaucoup d’information d’un coup. « Mais après la naissance, voyant que tu étais prêt à t’impliquer elle n’a pas voulu te donner une nouvelle chance ? Si cela faisait longtemps, elle n’a pas pu tout balayer aussi simplement » Une chose à savoir, il ne fallait jamais écouter mes conseils, souvent cela amener un bazar encore plus compliqué. « Tu l’aime toujours » Ce n’était pas une question, mais une simple constatation. « Maintenant elle a refait sa vie, elle a la garde principale de William et moi je suis le père célibataire qui jongle entre biberons et couches une fois semaine. » Elle a refait sa vie ? Aussi rapidement ? Voilà qui n’était pas bon. « Et comment tu prends le fait qu’elle ait déjà refait sa vie ? » Je ne demandais pas cela pour l’emmerder ou remuer des souvenirs qui faisaient mal, je voulais comprendre et aider Peter comme je le pouvais. « En tout cas je suis sûr que tu fais un père merveilleux et j’ai hâte de faire la connaissance de ton petit gars » S’il ressemblait à son père alors il aurait tout pour lui. « À toi, monsieur le fiancé. » Je souriais derrière ma bière, ne sachant pas trop par où je devais commencer. « C’est compliqué et au final on en revient toujours à mon père et même pour moi ça reste flou les raisons de tout cela » J’avais beau essayé de chercher à comprendre, mais il y avait beaucoup trop d’informations manquantes et maintenant je n’avais plus envie de chercher. « J’étais avec Abby depuis 2 ans et j’étais amoureux d’elle comme jamais. Je pensais que c’était la même chose, d’ailleurs on devait se marier. Tout était prévu et une semaine avant le mariage, j’ai surpris une conversation entre elle et mon père. Elle réclamait plus d’argent pour ce qu’elle devait faire. » A l’époque seul Mila avait voulu me prévenir et j’avais été aveugle. « Mon père l’avait engagé pour me briser le coeur » Et cela avait fonctionné à la perfection. « Il n’a pas voulu me donner d’explication et Abby non plus. » C’était pour cette raison que j’avais explosé et qu’on m’avait envoyé ici. « Ce n’est pas mon moment le plus glorieux, mais j’ai réussi à passer à autre chose » La preuve en était que parler de cette histoire ne me faisait plus souffrir. C’était un grand pas en avant.